Course sous la pluie [Terminé]

Llyk n'avait à présent pour compagnie que les gouttes d'eau qui s'écrasaient violemment sur son visage. Ses vêtements qui avaient presque entièrement séchés étaient à présent détrempés et lui collaient à la peau. L'averse était si dense qu'elle arrivait à peine à ouvrir les yeux. Alors l'acrobate continuait sa route, sans broncher.

Il ne servait à rien d'avoir des regrets, elle DEVAIT retrouver Lucius. Et le plus tôt possible. Elle avait choisit de quitter Aramis et son abri de feuilles pour l'orage. Elle ne savait pas où le nécromancien était mais certainement pas si loin d'ici...

Alors elle se mit à courir. Llyk était assez endurante, même sous la pluie, alors elle courrut.

Llyk vécut un véritable enfer. Elle courut longuement sous la pluie, il lui sembla passer plusieurs fois au même endroit, tourner en rond, revenir sur ses pas. La pluie l'avait dérangée au début, mais avait vite cessée. Cela ne changeât rien au calvaire que représentait une course dans la boue fraiche et profonde de ces plaines. Néanmoins, cette boue avait un avantage : Llyk y trouva une piste sous la forme de traces de pas, probablement de bottes, qui semblait avoir été laissées par quelqu'un qui lui même devait être perdu et las. Cette piste, après une longue course menée sans ralentir nullement, elle finit par arriver prêt d'un arbre sous laquelle l'herbe semblait être écrasé. Cela pouvait être un animal, c'était vrai, mais l'instinct de l'acrobate lui disait que cela devait avoir un rapport avec Lucius. La piste de traces de pas continuait plus loin, mais la suivre, c'était prendre le risque de s'éloigner du nécromancien pour quelques preuves méprisables.

Llyk vivait au jour le jour, vivait l'instant présent et n'avait pas assez d'expérience stratégique pour tergiverser pendant des heures quand à cette trace dans l'herbe humide... Pour celle, c'était une preuve bien fraîche, indiquant que Lucius était venu ici.

Alors, n'écoutant que son instinct, elle suivit les traces de pas.

- Un jour, à force écouter mes pulsions, j'finirais au fond d'une tombe...

La marche lente et laborieuse de Llyk dans la boue finît par la mener prêt d'un petit campement où un groupe d'homme semblait discuter autour d'un feu. Néanmoins, les traces ne continuaient pas vers le camps mais biffurquaient étrangement vers la forêt voisine. Que fallait-il faire? Continuer tout droit, comme la logique l'indiquait? Ou bien suivre les traces qui partaient, contre toute logique d'orientation, vers la petite forêt d'arbres caduques? Ou bien demander des renseignements aux hommes du camps? Et pourquoi ne pas faire autre chose?

Llyk ne savait plus quel chemin prendre et décida de demander de l'aide au groupe d'hommes qui était là. Elle s'approcha donc d'eux, sans peur et ses bottes couvertes de boue.
Elle s'arrêta à environ trois pas et demanda d'une voix aimable et forte:

- Bonjour messieurs, auriez vous vu un homme passer par ici récemment ? Très pâle et maigrichon, à peu près ma taille...

Un grand type habillé de peau (comme la plupart de ses camarades d'ailleurs) se leva. Il avait un arc attaché dans le dos et une solide épée accrochée le long de sa jambe au moins aussi musclée que le reste de son corps. La présence de peau et le fait que les hommes mangeaient de la viande grillée laissait à penser qu'il s'agissait de chasseurs. Le grand type donc, se leva et, toisant Llyk de haut en bas d'un air méfiant lui demanda :

"Vous lui voulez quoi à cet homme?"

"Vous lui voulez quoi à cet homme?"

Llyk avait beau être grande, l'homme l'était encore plus, et il avait une carrure impressionnante. L'acrobate ne se laissa cependant pas démonter et déclara poliment :

- C'est un ami, je dois le retrouver et lui rendre quelques affaires qui lui appartiennent.

Llyk ne mentait pas, il était d'ailleurs inutile de mentir à ce colosse...

"C'est un ami, je dois le retrouver et lui rendre quelques affaires qui lui appartiennent."

L'homme lança un regard soupçonneux à la jeune femme, puis se tourna brievement vers ses amis, toujours assit autour du feu avec qui il semblait communiquer par le regard et par des mouvements de tête légers, puis il se tourna vers elle, la regarda encore un moment, perplexe, et finit, après une ou deux minutes de silence, par dire :

"Il est parti vers l'Est il y a quelques dizaines de minutes, en vous dépêchant, vous devriez le rattraper au niveau du village qu'il a pour objectif... Maintenant partez!"

Puis, sans ajouter quoi que ce soit, il retourna s'asseoir avec ses amis.

"Il est parti vers l'Est il y a quelques dizaines de minutes, en vous dépêchant, vous devriez le rattraper au niveau du village qu'il a pour objectif... Maintenant partez!"

- Merci monsieur.

Llyk ne lui sourit pas. Quelle brute ! Enfin qu'importe, elle était sur la bonne voie. Elle reprit sa marche et se rappella soudain d'Aramis. Si il arrivait jusqu'ici, il aurait certainement besoin d'une indication...
L'acrobate saisit son poignard à sa ceinture et dessina une flèche pointée vers l'Est. S'il se mettait à pleuvoir, ce symbole disparaitrait... Enfin c'était mieux que rien. Elle rangea sa lame et entama sa marche, plus déterminée que jamais.

[Suite ici : Marche solitaire... ]