Le matin commençait à poindre désormais, la barque passait sur l'eau calme, elle flottait, légère comme la liberté nouvelle de notre héros. Dans les brumes matinales, on entendait à peine quelques clapotement de ci de là, des vaguelettes sur des rochers ou encore un poisson habile. Tout cela semblait si idyllique à côté du monde putréfié de la ville. Dans les bas-fonds de Taâk'in, il devait y avoir un million de miséreux qui ourdissaient des plans secrets pour escroquer des marchands. Il y avait aussi ces quelques malades que le monde entier rejettent et qui hère désespérément jusqu'à un égout où il meurent avant de tomber dans l'eau, la contaminant pour des jours... Il ne fallait pas non plus oublier les fosses communes et les morts qu'on y menait jours après jours pour être brûlés ou enterrés, parfois encore haletants. Les charrettes et les invectives "jetez vos morts", voilà ce que devenait Taâk'in maintenant, un désert de supplice. A côté Transdir n'était qu'une maison de passe pour haut dignitaires religieux refoulés. Le monde était bien morne, fade à l'intérieur des murs de la ville des pestiférés. Finalement, mieux valait se jeter d'un toit et mourir vite que d'endurer les agonies douloureuses d'une population abandonnée et et sur le déclin...
Nous disions donc qu'en cette aube nouvelle, notre héros venait enfin de passer des chaînes et les barrières de la liberté et que désormais, il avançait vers le lointain. Sur le bord droit de la barque, l'eau était très trouble, tandis qu'à gauche, la clarté était meilleure. La barque devait raser le fond à cette endroit, soulevant du sable et des alluvions. Vaati prit une rame et repoussa sur la droite la barque, il sentit alors un léger choc, une secousse du bonheur. Il venait de toucher la terre ferme, une plage éloignée de la ville, éloignée de la folie, non loin de la plaine. Les vagues qui venait du large semblait bien basses et le vent n'était réduit qu'à une légère et reposante brise venant de la marée montante. Vaati sauta de joie et prit appuis sur le sable encore froid et humide, vierge du soleil depuis la nuit précédente. L'air était plutôt doux, le vue était peu dégagée mais parsemée d'éclats de lumières éparses, signes que le soleil viendrait bien tôt jeter sur la plaine un nouveau jour. Vaati courut quelques mètres sur la plage et trouva sur le sol des morceaux d'une autre barque. Celle-ci devait avoir servi deux mois plus tôt au moins à en juger par son état. Les utilisateurs avait sûrement abandonné l'embarcation. Notre héros ne pouvait que suivre leurs exemples. Il attrapa ces effets posés dans la barque, remis les rames dans celle-ci, regarda le haut d'une dune derrière laquelle il pouvait percevoir un pin et se dit que la journée qui commençait était vraiment splendide !
Après avoir escaladé la dune de sable, Vaati vit se profiler les premières ébauche de la campagne. Les arbres se présentaient devant notre mage, verts et relativement variés. Ici ou là, chênes et érables couvraient quelques buissons épineux ou denses présentant quelques baies amères. Dans l'herbe grasse, on pouvait observer quelques insectes, allant de punaises bariolées à de nombreuses abeilles et fourmis. Toutes les senteurs bucoliques donnaient à cet ensemble une dimension pastorale que notre héros, bien qu'accoutumé à la mièvrerie, ne cessait de trouver que la vie était bien meilleure désormais. Il avança donc dans cet ensemble quelque peu superficiel et prit bien vite de l'allure, il venait de retrouver la marche dans les grands espaces. Il avança donc ainsi toute la matinée tout en chantant une quantique d'un auteur latin célèbre...
Ce n'est que sur le coup de onze heures, alors que le soleil frappait déjà la grande étendue, que Vaati décida de faire une pause. Il vit un ruisseau et de l'eau coulant dans les herbes fertiles. Il s'assit et prit une lampée de cette élixir dans le creux de sa paume avant de la boire longuement. Enfin, il savoura l'air environnant en pensant à ce paysage. Quelles que furent les élans bucoliques et les hypotyposes criantes de vérité de notre héros, le monde ne les connut jamais. Et pourtant, même Virgile ou Lucrèce auraient enchaînés sur une églogue pour chanter à leur tour auprès de notre ami poète. Les bergers ne perdaient rien de leur vie au milieu des bois et des pâtures, Vaati ne perdait pas une goutte de la saine vertu qui l'entourait. Auprès de ce ruisseau si chantant, il lui vint en tête une chanson sur des aventuriers partis à la recherche d'un secret innommable. Au cours de leur route, il s'arrêtèrent au bord d'une rivière d'argent et virent alors des dragons s'élever au loin. Il baptisèrent cette rivière, la rivière de la Terre des Dragons en hommage à ces hommes. Notre mage chanta donc :
They began a magical journey
To the ancient dragonland
For ten days they walked through majestic woods
Their vision ever at hand
The dragons fly in the blue skies
The mountains show their might
Standing in the heart of the land
What a sight!
See the deer, trolls and wolves, lovely creatures
They're guardians of this land
Such wonder and beauty lives in their hearts
To see is to understand
The dragons fly in the blue skies
The mountains show their might
Standing in the heart of the land
What a sight!
The river will lead them to Urien
The mystical home of the gods
Now a mass of ruins
Because of the last war
See the falls of Erloria
The grey mountains are near
Dark shadows falling
Daylight's end is here
And all the creatures of darkness
They warn us in the night
In the darkland there is danger
There's evil there to fight.
Tandis que la chanson battait son plein, rien ne semblait bouger autour, le calme était des plus parfaits...