La Rencontre [Terminé]

Llyk avait mollement suivit ses compagnons, puis, perdue dans ses pensées, elle s'était égarée dans les rues. Jugeant mauvais de rester dans les rues infestées par la peste, elle décida de retourner à la taverne pour se mettre au chaud.

Après avoir foulé le pavé pendant une poignée de minutes, la jeune femme poussa la porte des Trois Ecus. Elle salua le tavernier d'un hochement de tête et s'installa à la seule table libre, seule. Elle s'assit confortablement sur sa chaise, posa son menton dans sa paume et fixa le mur.

- Vous désirez quelque chose ? demanda une serveuse.

- Non merci mademoiselle, répondit doucement Llyk en souriant.

La serveuse s'en alla, laissant Llyk avec ses songes.

* Il se trame quelque chose d'étrange par ici...*

La jeune femme blonde passa une main dans ses cheveux, les lèvres pincées. Quelque chose ne collait pas. Leur échappée par les sous-terrains comportait forcément une faille, mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus...

Lucius courrait dans les rues de Taâk'in, passant à coté de tas de cadavre qui le faisait penser que Taâk'in était devenu la ville parfaite pour un nécromancien. Une rue avant d'arriver au Trois Ecus, il décida d'arrêter de courir afin d'être plus discret et, machinalement, essaya de mettre sa capuche avant de se rendre compte que sa capuche flottait maintenant dans les airs de Taâk'in comme un étendard représentant le nécromancien. Il baissa la tête, un peu morose, et entra dans la taverne en en poussant brutalement la porte. Il ne regarda pas la fille de l'aubergiste et s'affala mollement dans une banquette, regardant la table et particulièrement les rainures du bois d'un air blasé. En réalité, il ne les leva que lorsqu'un vent frais venu de la nuit vint le déranger. La porte venait de s'ouvrir, laissant apparaitre un de ces artistes de rue que, d'ordinaire, Lucius détestait. Celui-ci se mît à jouer d'une mandoline en chantant, somme toute plutôt bien. Le nécromancien le regarda jouer et il aimait ça. A présent, sa bourse pendait à la vue de tous à sa ceinture, et l'une d'entre elle lui paraissait lourde. Trop lourde de 15 noblons. En fait, le jeune homme se sentait indigné que ce chanteur si doué soit en haillons dans une rue froide alors que ce garde était payé grassement, toujours au chaud et dans des vêtements de soie pour rester debout devant une porte à longueur de journée. Et lui, après tout, avait il besoin de tout cet argent? Il baissa à nouveau la tête, écoutant la musique, et, un instant plus tard, il avait extirpé les 15 noblons volé de sa bourse et les avaient lancés sur le ménestrel en disant:

"Tiens mon ami, cet argent était celui de la mort, tâche d'en faire celui de la vie"

L'artiste, la serveuse et l'aubergiste (qui s'apprêtait à chasser le saltimbanque) semblaient tous surprit: Le chanteur parce qu'on venait de lui donner une petite fortune en lui disant une phrase au ton solennel ridicule, la serveuse parce que le looser qui lui faisait du gringue ridicule depuis qu'elle le connaissait semblait être un tout autre homme en ce soir et le barman parce qu'il ne savait plus si il devait mettre le troubadour dehors ou le laisser continuer sa musique.

Llyk fut arrachée de ses réflexions lorsque une douce mélodie vint à ses oreilles. Un artiste de rue était entré, puis il avait commencé son spectacle, sans rien demander. La jeune femme avait sourit et commencé à taper dans ses mains au rythme de la musique.

* T'as bien raison, vas-y au culot, y a que comme ça qu'on gagne son pain !*

Un homme parla au musicien. Il lui était familier. Llyk était sûre de l'avoir déjà vu... Mais où ?
Elle vit qu'il donna de l'argent à l'artiste de rue. Beaucoup d'argent. Elle avait entendu de doux clinquement métalique des noblons qui s'agitaient dans une bourse. Il lui avait lancé quinze noblons. L'acrobate écarquilla les yeux. Elle ne gagnait jamais cette somme en une représentation.

Llyk était n'était pas jalouse. La jalousie n'existait pas entre pauvres saltimbanques. Elle regarda le musicien s'en aller, sans rien dire. Puis elle reposa ses yeux sur l'homme qui avait donné la totalité de sa fortune dans un spectacle de rue.

* Lucius !*

Aramis les avait présenté un peu plus tôt. Il était parti, énnervé. Llyk n'en avait pas vraiment tenu compte, chacun a le droit d'être de mauvaise humeur après tout.
L'acrobate se leva et se dirigea donc vers le-dit Lucius. Quand elle fut assez proche de lui, elle s'arrêta.

- Quinze noblons, c'est une véritable mine d'or pour un pauvre artiste vous savez ? Cet homme doit être le plus hereux de tout Urgôn.

Lucius était assez content de lui. Il avait repris sa contemplation du bois de la table quand il fût interromput par Llyk, qu'il n'avait pas encore vu jusqu'à présent. Il avait complètement sorti de sa tête la combattante de l'arène, et il fallait dire qu'après ce qui lui était arrivé entre temps, il y avait de quoi.

"Quinze noblons, c'est une véritable mine d'or pour un pauvre artiste vous savez ? Cet homme doit être le plus heureux de tout Urgôn."

Le nécromancien la toisa un instant. Elle avait l'air vulguaire. Jeune, affichant sans honte ce que la nature donne aux femmes pour les differencier des hommes, et bardée de quincaillerie sans valeur qu'on eut pû appeler bijoux probablement dans un camps de voleurs. Sa remarque et son genre laissait Lucius supposer qu'elle devait être elle même une artiste de rue, mais elle n'avait pas d'instrument sur elle, et, à bien y penser, faite comme elle l'était, elle devait être une danseuse de rue. Que voulait elle? De l'argent? C'était hors de question, aussi Lucius tenta t-il de changer de sujet.

"Vous avez raison, c'est beaucoup pour un artiste de rue, mais ce n'est pas grand chose pour beaucoup de gens... N'est-ce pas là une terrible injustice? Regardez moi par exemple, je donne tout mon argent à ce malheureux, et du coup, je n'ai plus de quoi payer à boire, ni à vous, ni à moi, n'est-ce pas là un grand malheur?"

Le regard de Lucius en disait long: il avait soif... soif d'une bière gratuite. A bien y refléchir, il se disait qu'il avait fait le bon choix en se montrant si impolie: Soit la mendiante refusait de payer et s'en allait, soit elle payait et il se desaltèrerait aux frais de la princesse.

Lucius regardait étrangement l'acrobate. Un mélange de dégoût, de désir et d'hypocrisie.

"Vous avez raison, c'est beaucoup pour un artiste de rue, mais ce n'est pas grand chose pour beaucoup de gens... N'est-ce pas là une terrible injustice? Regardez moi par exemple, je donne tout mon argent à ce malheureux, et du coup, je n'ai plus de quoi payer à boire, ni à vous, ni à moi, n'est-ce pas là un grand malheur?"

Llyk leva un sourcil. Il ne manquait pas d'air. Il ne lui restait que très peu d'argent, et elle ne voulait pas le dépenser dans une bière, surtout pour un inconnu assez dédaigneux.

D'un air nonchalant, l'acrobate tira une chaise et s'installa en face de Lucius.

- C'est en effet très fâcheux.

Llyk croisa les bras sur sa poitrine et contempla l'homme. Il était assez chétif, pas bien grand. Son regard était glacé. Il se dégageait de lui quelque chose... d'inquiétant.

De toute évidence, rien de ce que Lucius avait prévu ne s'était réalisé: la jeune femme lui avait lancé un regard qu'il avait jugé sarcastique. Elle attrapa une chaise qui était posée à une table voisine et s'installa à la table de Lucius.

*Raah ça y est, elle va s'incruster!!*

"C'est en effet très fâcheux."

Llyk s'installa alors à la table bien confortablement et commença à observer Lucius comme si elle s'attendait à ce qu'il dise quelque chose. Celui-ci la regarda un instant. En voilà une qui ne devait pas s'amuser follement, ce soir. Le nécromancien pensa brièvement à son chien. Allait il l'emmener avec lui hors de Taâk'in? Et d'ailleurs, comment avait il fait pour entrer dans la ville avec malgré le blocus? N'était-ce pas là la preuve qu'il y avait un moyen d'aller et venir, là, quelque part, qui n'attendait qu'un habile gestionnaire pour l'exploiter et en faire une source de profit? Lucius resta plongé dans ses pensées pendant une bonne minute avant de se rappeler qu'il était face à une danseuse des rues. Il avait soif et, en la regardant bien, il se dit qu'il pourrait peut être en faire une source de profit...

"SERVEUSE!!! Apportez moi une liqueur et la boisson que choisira mademoiselle, c'est moi qui offre!!"

Puis, un sourire sournois accroché au visage, il plongea ses yeux dans les siens et lui demanda:

"Alors, vous dansez dans les rues, je me trompe?"

Après un long silence où les deux personnages ne firent que se toiser, Lucius beugla :

"SERVEUSE!!! Apportez moi une liqueur et la boisson que choisira mademoiselle, c'est moi qui offre!!"

Llyk fronça les sourcils. Peut-être avait-il encore un peu d'argent sur lui ? Non, sa bourse n'émettait plus un seul petit clinquement quand il bougeait sur sa chaise. Elle était fichue. Elle n'avait pas assez pour payer pour deux. Soit ils ne commandaient rien, soit ils devraient s'enfuir comme des voleurs. Il l'avait piégée.
Il regarda l'acrobate droit dans les yeux et demanda d'un air qui se voulait certainement aimable :

"Alors, vous dansez dans les rues, je me trompe?"

Llyk se redressa sur sa chaise.

- En effet, mais j'espère ne plus avoir à le faire. J'étais venue ici pour changer mon mode de vie, et l'annulation du tournoi ne me fera pas faire marche arrière.

Après un court silence, elle déclara :

- Vous savez très bien que je ne payerai pas cette bière, je n'en ai pas les moyens... Vous comptez vous enfuir sans payer ?

La serveuse arriva. Llyk la regarda un instant. Ils ne pouvaient pas payer.

* Oh et puis j'ai soif ! Advienne que pourra ! *

- Une bière aussi s'il-vous-plaît.

La jeune femme sourit et posa ses yeux sur Lucius avec un air de défi.

"En effet, mais j'espère ne plus avoir à le faire. J'étais venue ici pour changer mon mode de vie, et l'annulation du tournoi ne me fera pas faire marche arrière... Vous savez très bien que je ne payerai pas cette bière, je n'en ai pas les moyens... Vous comptez vous enfuir sans payer ?"

Lucius la regarda une minute, un peu interloqué. Pendant ce temps, la serveuse était arrivé avec son verre de liqueur, il le pris, lui donna 2 noblons et retourna à sa conversation comme si il ne s'était rien passé.

"Une bière aussi s'il-vous-plaît."

Puis, souriant, celle-ci sembla défier Lucius qui répondit à sa provocation très facilement. Il glissa à nouveau sa main dans sa bourse et en tira un noblon qu'il donna à la serveuse. La jeune femme croyait elle que Lucius n'avait que 15 noblons sur lui? Il n'étais plus un mendiant. Il replongeât donc son regard sur elle, à force de penser à l'argent, il finirait par perdre son objectif de vue.

"Retournons à nos moutons, voulez vous? Vous ne dansez plus? Pour changer de mode de vie? Mais pourquoi donc? Avec votre... physique avantageux, vous pourriez vous faire beaucoup d'argent... j'avoue ne pas comprendre... Surtout qu'ici, à Taâk'in, vous auriez pu vraiment vous faire connaitre..."

Il souriait maintenant d'un sourire qui se voulait bienveillant mais qui ne lui allait pas du tout et trempa ses lèvres dans sa liqueur. Définitivement, l'alcool de Taâk'in était meilleur que la piquette qu'il réussissait parfois à voler à Mataniel.

Ainsi, il avait encore de l'argent. Llyk devait encore avoir quelques pièces. En fait, elle avait de quoi payer pour deux. Mais elle ne lui devait rien, à lui.
Elle donna un noblon à la serveuse qui déposa sa chope sur la table, et bu une grande gorgée de bière.

"Retournons à nos moutons, voulez vous? Vous ne dansez plus? Pour changer de mode de vie? Mais pourquoi donc? Avec votre... physique avantageux, vous pourriez vous faire beaucoup d'argent... j'avoue ne pas comprendre... Surtout qu'ici, à Taâk'in, vous auriez pu vraiment vous faire connaitre..."

Llyk reposa sa chope de bière un peu sèchement.

- Vous me parlez de prostitution ?

La jeune femme lui lança un regard mauvais. Elle avait sa fierté.

Brusquement, la jeune femme posa sa chope et plongeât des yeux cruels dans ceux du nécromancien.

"Vous me parlez de prostitution ?"

Lucius avait manqué de tact. Il se laissa décontenancer un court instant durant lequel il bût une gorgée de liqueur mais repris rapidement son petit spectacle en ricanant nerveusement et en parlant avec des grands gestes.

"Hohoho! Pour qui me prenez vous mademoiselle, honnêtement? Vous m'avez bien regardé? Est-ce que j'ai l'air d'un maquereau? D'un proxénète? Si c'était le cas, vous pensez bien que je ne serais plus dans cette ville maudite à cette heure! Non, je parle de danse, de votre métier, de ce que vous auriez pu en faire dans cette ville, surtout si, pour vous protéger dans ces rues dangereuses, vous aviez quelqu'un qui connait les truands, qui sais se débrouiller! Mademoiselle, je suis un ancien sans abri, j'ai survécu dans les rues pendant une longue période, croyez moi, et vous m'êtes sympathique... Je quitte Taâk'in demain matin, je peux me débrouiller pour vous faire sortir si vous voulez, et dehors, je pourrais vous protéger contre un maigre pourcentage pendant vos représentations! Qu'en pensez vous?"

D'un seul coup, Lucius vida son verre. Il pensait bien que la jeune femme n'accepterait jamais, mais il tentait quand même sa chance, après tout, il n'avait rien à perdre et avait besoin d'amis et d'argent...

"Hohoho! Pour qui me prenez vous mademoiselle, honnêtement? Vous m'avez bien regardé? Est-ce que j'ai l'air d'un maquereau? D'un proxénète? Si c'était le cas, vous pensez bien que je ne serais plus dans cette ville maudite à cette heure! Non, je parle de danse, de votre métier, de ce que vous auriez pu en faire dans cette ville, surtout si, pour vous protéger dans ces rues dangereuses, vous aviez quelqu'un qui connait les truands, qui sais se débrouiller! Mademoiselle, je suis un ancien sans abri, j'ai survécu dans les rues pendant une longue période, croyez moi, et vous m'êtes sympathique... Je quitte Taâk'in demain matin, je peux me débrouiller pour vous faire sortir si vous voulez, et dehors, je pourrais vous protéger contre un maigre pourcentage pendant vos représentations! Qu'en pensez vous?"

Llyk regarda Lucius débiter ses paroles à une vitesse fulgurante. Ce n'était qu'un malentendu donc. La jeune femme sourit quand il eût enfin fini de parler.

- La danse de rue ne rapporte rien. J'ai dansé pendant des années à Mataniel, et j'ai dansé ici aussi, pour payer mon inscription au tournoi. A Mataniel, je pouvais gagner jusqu'à 4 ou 5 noblons en une journée, aussitôt dépensé dans le pain et les couvertures. Ici, je crois que j'ai gagné deux noblons... C'est un ami qui m'a offert sa place pour le tournoi. Ce n'est pas faute de persévérance, pas faute de manque de grâce. J'ai même acheté des vêtements pour apâter les hommes... Il faut croire que c'était une mauvaise idée, j'ai de plus en plus de "demande" pour vous-savez-quoi.

Llyk s'arrêta un court instant et bu une gorgée de bière.

- Votre offre... ne me déplait pas totalement. J'aimais bien danser dans la rue quand le public était bon. Mais je dois malheureusement quitter la ville avec quelqu'un d'autre, demain matin aussi.

L'acrobate pinca les lèvres. Lucius n'était pas si méchant que ça après tout. Mais Lumilevy lui avait promis de lui montrer du pays, et Llyk tenait toujours ses promesses.

"La danse de rue ne rapporte rien. J'ai dansé pendant des années à Mataniel, et j'ai dansé ici aussi, pour payer mon inscription au tournoi. A Mataniel, je pouvais gagner jusqu'à 4 ou 5 noblons en une journée, aussitôt dépensé dans le pain et les couvertures. Ici, je crois que j'ai gagné deux noblons... C'est un ami qui m'a offert sa place pour le tournoi. Ce n'est pas faute de persévérance, pas faute de manque de grâce. J'ai même acheté des vêtements pour apâter les hommes... Il faut croire que c'était une mauvaise idée, j'ai de plus en plus de "demande" pour vous-savez-quoi. Votre offre... ne me déplait pas totalement. J'aimais bien danser dans la rue quand le public était bon. Mais je dois malheureusement quitter la ville avec quelqu'un d'autre, demain matin aussi.."

La jeune femme semblât se calmer et laissa passer un léger sourire sur son visage. Lucius avait chaud, et il avait soif, mais son avarice passait avant son goût pour l'alcool. Aussi continua t-il à parler avec la Llyk malgré sont état de plus en plus avancé d'alcoolémie. D'ailleurs, il avait des questions à poser. En effet, la similitude de la fuite des deux humains hors de Taâk'in était surprenante.

"Comment? Vous aussi? Avec..."

Il s'approcha pour chuchoter à l'oreille de l'acrobate afin que personne ne l'entendent et aussi probablement pour lui polluer l'air avec son haleine à la liqueur bon marché.

"... avec Jörn? Jörn Krenshar?!"

Puis il se rafalla dans son Siège et but une gorgée de la bière de la jeune femme.

Avec un air légèrement ahuri, Lucius s'approcha tout près de Llyk en dodelinant de la tête. Il sentait l'alcool à plein nez.

"Comment? Vous aussi? Avec... avec Jörn? Jörn Krenshar?!"

Llyk plissa le nez. Son haleine était nauséabonde. Elle ne protesta pas quand il lui prit sa chope de bière, mais, une fois qu'il fut bien réinstallé, elle reprit son bien et bu le reste de sa chope d'une traite et la reposa avec violence sur la table.

- Oui. J'ai bien l'impression que nous seront nombreux au rendez-vous...

La jeune femme essuya sa bouche avec son avant-bras.

"Oui. J'ai bien l'impression que nous seront nombreux au rendez-vous..."

Lucius baissa le regard. Nombeux? Qu'est-ce que ça voulait dire? Et si c'était un piège? Nan, Jörn ne pouvait pas être un traitre... et puis Lucius le voyait mal fricotter avec les gardes après ce qu'il avait vu ce soir. Mais à bien y refléchir, tout pouvait s'expliquer. Admettons que Jörn ai une fille, et que celle-ci ai été arrêtée par des gardes verreux, pour un peu, Jörn était parti la faire libérer au Siège Imalien en s'en prenant au gouverneur ou quelque chose comme ça, et on lui avait dit de capturer Lucius et tout ses camarades... Non, ça ne tenait pas, Jörn n'aurait pas attendu pour l'attraper et puis qui se soucierait d'une danseuse de rue et d'un nécromancien sans domicile fixe? Nan, Krenshar devait juste être très gentil, trop, gentil au point qu'il mettait tout ses amis en danger en faisant sortir en même temps la moitié de la population de la ville...

"Nombreux? C'est quand même étrange, non? ... Enfin soit... Que comptez vous faire une fois dehors? Où allez vous?"

Attendant une réponse, Lucius s'affalat au fond de sa chaise, les mains comme appui-tête.

"Nombreux? C'est quand même étrange, non? ... Enfin soit... Que comptez vous faire une fois dehors? Où allez vous?"

Llyk hésita un instant. Elle décida de préférer la prudence, après tout, Lucius était sévèrement alcoolisé...

- Je comptais voir du pays.

L'acrobate saisit une mèche de ses cheveux et commença à la faire tourner entre ses doigts gantés. Elle espérait que Lumilevy allait bien, et qu'elle tiendrait sa promesse.

- Mais je suis d'accord avec toi, ça me parrait étrange que tout le monde se retrouve là-bas... J'ai l'impression qu'il y a anguille sous roche.

Elle lança un regard à la fois sérieux et inquiet à Lucius.

"Mais je suis d'accord avec toi, ça me parait étrange que tout le monde se retrouve là-bas... J'ai l'impression qu'il y a anguille sous roche."

La jeune fille plongeait un regard presque mélodramatique dans les pupilles dilatées de Lucius qui lui répondit par un regard encore plus inquiet et sérieux, crachant du dramatique à qui en voulait, quand soudain...

"BWAHAHAHAHA!!! REGARDEZ VOUS!!! Que voulez vous qu'il nous arrive!! De toute façon, vous n'avez rien à craindre, je vous protégerais, je suis un grand nécormancien moi!!! Ouai, un grand!! ET PUIS J'suis un stratège AUssi...

Puis, sans rajouter un mot, Lucius s'affala sur sa banquette, les yeux fermés, semblant se concentrer ou calmer une affreuse et brusque migraine.

"BWAHAHAHAHA!!! REGARDEZ VOUS!!! Que voulez vous qu'il nous arrive!! De toute façon, vous n'avez rien à craindre, je vous protégerais, je suis un grand nécormancien moi!!! Ouai, un grand!! ET PUIS J'suis un stratège AUssi..."

Llyk s'étouffa avec sa propre salive. Un nécromancien ? Bon Dieu, elle ne pensait pas en rencontrer un vrai un jour ! Mais Lucius avait parlé fort, et de nombreuses têtes s'étaient tournées dans leur direction. Tout le brouhaha avait cessé. L'ambiance s'était tout à coup refroidie.

- Mon ami est complètement saoul, ne faites pas attention ! s'exclama Llyk d'une voix forte et qu'elle espérait désolée.

Peu à peu, les discussions avaient reprit. Llyk soupira mais resta néanmoins attentive aux regards dubitatifs des clients les moins crédules. Elle se pencha vers Lucius et chuchota :

- Vous vous fichez de moi ?!

De toute évidence, le moment de folie de Lucius n'était pas passé inaperçue, et les regards qui d'ordinaire se posaient plutôt sur Llyk se posait à présent sur le nécromancien qui ne s'en était pas assez caché et cela semblât gêner un peu la jeune fille, et cela était bien compréhensible. Lucius bavait légèrement sur la banquette, cherchant visiblement à se couvrir de sa cape. Llyk s'approcha de lui après avoir tenté de calmer la foule.

- Vous vous fichez de moi ?!

Lucius, sans lui prêter la moindre attention, se retourna brusquement, la bousculant légèrement. De toute évidence, il s'était assoupit à une vitesse folle.

Sans qu'il ait eu le temps de rajouter quoi que ce soit, Lucius s'écroula, ivre mort, sur la banquette. Llyk, impuissante, le regarda avec dépit.

Elle resta assise quelques minutes à contempler les murs. Et si c'était vrai ? Si Lucius était vraiment un nécromancien ? Et si il lui offrait vraiment cette vie de liberté et de protection ? La jeune femme observa un instant la morphologie de l'homme. Il était loin d'être une montagne de muscles. Mais sa force résidait peut-être ailleurs...
Llyk se massa les tempes du bout des doigts. Lumilevy était forte, ça, elle en était certaine. Et puis elle apprendrait à se battre. Mais le combat était-il vraiment la voie de Llyk ? Elle en doutait à présent.

* Ma petite Llyk, qu'as-tu encore fait ? Promettre sur un coup de tête... *

L'acrobate se leva. Elle voulait aller dormir. Mais elle n'avait pas assez d'argent pour se payer une chambre, et il était hors de question d'aller dehors pour s'assoupir avec les maladies qui trainaient...

Elle se rassit sur sa chaise, en installa une plus loin, où elle installa ses jambes. Dormir sur une chaise était mieux que rien. Pourvu que le tavernier ne les expulse pas...

Pierre n'avait pas dormi beaucoup, mais il se sentait plus ou moins en forme. Il poussa la porte de l'auberge, et y découvrit la salle comblée de monde, comme d' habitude. Mais il n'avait pas besoin qu'on le serve, encore moins qu'il ait une table. Il slaloma entre les gens dont l'alcoolémie ne se comptait pas en alcool par litre de sang mais plutôt en sang par litre d'alcool, ce qui n'était pas très impressionnant compte tenu de l'heure avancée de la soirée, il devait être a peu près une heure du matin. Il chercha sa cible tout en marchant, et repéra un homme d' une cinquantaine d'années, seul en compagnie d' une tripotée de pintes de bière, dont une était encore pleine. Pierre avança d' un pas hésitant, imitant vaguement un type bourré. Il arriva au niveau de sa victime, pris une chaise, la plaça juste à coté de son nouvel ami et déclara d'une voix forte, condition indispensable pour qu'un homme dans l'état de l'alcoolique qu'il avait devant lui puisse lui répondre de manière cohérente, même si au fond Pierre savait très bien qu'il n'attendait aucune réponse :

" Que penses-tu de cette auberge, vieil homme ?

Le bonhomme se tourna vers son interlocuteur, réfléchie plusieurs secondes, et brailla quelque chose d'incompréhensible.

Excuse-moi, avec le bruit des autres imbéciles de la table à coté j'ai rien compris !

Il sembla mettre un petit moment avant de comprendre ce que lui racontais Pierre, mais il fini par dire d' une voix peu clair :

J'adore cet endroit, c'est mon deuxième toit ici, les serveuses sont aux poil si vous voyez c'que j'veux dire, et la bière coule à flot. Ha oui au fait, je suis René...

Puis il s'effondra sur sa table, avant de se relever quelques seconde plus tard, l'air d' un ivrogne plus que jamais.

T'es mon copain, prend ma bière.

il poussa alors sa bière devant Pierre

* Les ravages de l'alcool...tu vas voir ce qu'il va t'arriver mon coco *

Pierre prit la pinte à la main, il la bu cul sec. Il parla encore pour occuper son "ami" :

Merci, et euh...vous venez souvent ici, parce que moi c'est la première fois que je viens et je trouve les tarifs quelque peu excessifs vous ne trouvez pas ?

Ce faisant, en douceur il saisit la bourse qui pendait bien en vue sur le coté du pilier de bar, qui se détacha de sa ceinture, pendant que l'autre alcoolique buvait ses paroles.

Je ne comprend rien de ce que vous me dites, d'ailleurs je vais m'en aller j'ai à peine de quoi manger, vous savez.

* Hé merde, un pauvre, bon tant pis c'est toujours ça de pris *

L'homme se leva, mais Pierre, qui compris qu'il devait partir avant lui, se leva à son tour.

Vous savez, je vais y aller aussi la bière émettait très bonne merci, cette taverne est pour les riches, mais elle est bien vous avez raison. "

* Autant le garder sous le coude, on a jamais assez d'ami par les temps qui courent *

Pierre se dépêcha d' aller vers la sorti, arriva dehors, et prêta l'oreille : il n'entendu rien dans la taverne d'autre que les cris des braillards. Il pris un instant pour regarder le contenu de la bourse : Il y avait qu'un malheureux noblon. Il entendit René qui sortait de la taverne en titubant. Pierre se mît à marcher d' un pas rapide dans les rues, en direction de la maison abandonnée qu'il venait de quitter.

Il arrivait parfois à notre héros de revenir dans des endroits divers qu'il connaissait relativement bien et où, selon lui, il passait trop de temps auprès d'individus idiots ou malhonnêtes. C'est ainsi que pour la première fois depuis un moment, Vaati revint dans un rue adjacente à l'une des artères principales de Tâak'in. Celle-ci était d'ailleurs bien souvent moins animées depuis l'annonce de la peste qui avait refroidi les coeurs et les âmes. Face aux craintes grandissantes des habitants, les autorités avaient fait fermer les portes de la ville, en effet, la panique aurait pu enclencher une migration d'habitants massive vers les autres Etats. Vaati imaginait déjà les pauvres idiots de Transdir perdre leur sang froid devant une violente poussée de bubons ou encore les autorités de Kalencia déclarer la guerre à tous les territoires et bloquer les frontières avec pour motif une simple bactérie mortelle. La pagaille qui avait été brillamment évitée par les conseils de la ville avait aussi coupé court aux futures envies d'évasion de notre mage qui se retrouvait à partager les ruelles trop étroites avec les grand benêts des tavernes et les mages frileux. L'une des seule convocation avait donc été le livre que Vaati ne manquait pas de recopier jour après jour et dans lequel il trouvait des sorts fantastiques et pourtant trop complexe pour son niveau. il pensait déjà à sa future Invocation spectaculaire ou encore à L'invocation alliée Transdirienne qui lui demanderait encore du temps avant d'être maîtrisée totalement. Notre mage s'entraînait donc avec acharnement à mémoriser les moindres mouvements, les moindres facettes de son art et recopiait soigneusement le livre des mystère.

C'était ce jour même que Vaati arriva donc à la taverne pour recopier éventuellement la suite de son ouvrage. Il avait aussi réfléchi à un traité de thermodynamique magique qu'il comptait écrire et proposer à la chambre des Mages. Néanmoins, il lui fallait d'abord achever son grand travail et cela prendrait encore du temps, un temps précieux et pourtant si superficielle en période d'épidémie. La fleur des plus grands mages avait apparemment quitté la ville par téléportation, les couards ! Mais les hautes autorités et instances du royaume avait dressée un mur magique qui bloquait aussi les transmutations. Bref, notre héros passait aussi la temps et s'était l'une des raisons qui le poussa à pousser la porte pour rentrer dans la salle principale fort connue de sa personne.

Etait-ce une erreur ? Notre mage fit-il un pas de trop ce jour là ? Nul ne le sait aujourd'hui, Vaati rentra et marcha sur les lattes du plancher qui avait autrefois accueilli un cadavre inquiétant. La première victime de la peste était apparue dans ce troquet et Vaati avait été un témoin de la scène, un examinateur et un adjoint en médecine temporaire (bien qu'il n'en eut jamais été remercié). Notre mage regarda autour de sa personne et vit que la taverne, en plus des quelques soiffards, était occupée par trois personnes. Il s'agissait du brigand nouvellement rencontré, assis à une table, de la jeune acrobate que notre héros avait aperçu autrefois lors des combats de l'arène et enfin, notre mage aperçu, affalé sur un banc, ivre mort, la personne que Vaati voulait plus ou moins rencontrer, Lucius Mortis dont il était le créancier. Devant ces personnages, Vaati joua donc la tactique de la sympathie et de la bonne humeur. Son côté maussade fut remplacé par son irréel sourire, antithétique détail par rapport à sa face habituelle. puis, il s'approcha de la table où buvait uniquement l'acrobate pour éviter d'importuner le pauvre alcoolique nécroment, et se tourna vers la jeune fille aux formes généreuses qui semblait discuter depuis uniquement quelques minutes avec elle-même, l'agresseur de vieillard, lui, semblait prêt à se lever. Il lança alors :

Eh bien, messire, milady je vous salue. Je vous serai humblement reconnaissant de m'accepter à votre table que nous partagions le vinus veritatum, beatum nectar !

Maintenant, la prise d'une chaise ne dépendait plus que de la médiocrité ou non du groupuscule... Il remarqua qu'à peine ses paroles terminées, le pseudo-brigand était parti sans le remarquer, qu'importait, il allait sûrement pouvoir s'asseoir...

[Je rappel que Lucius n'est pas un "nécromant" comme vous avez tous pris l'habitude de le dire (sans doute à cause d'un quelconque jeu de rôle que je ne connais pas...) mais bien un NECROMANCIEN, comme on dit en français Rolling Eyes

]

Alors que Llyk commençait à peine à somnoler, une voix criarde et enjouée vint la tirer de ses rêves, ce qui la fit sursauter.

- Eh bien, messire, milady je vous salue. Je vous serai humblement reconnaissant de m'accepter à votre table que nous partagions le vinus veritatum, beatum nectar !

L'acrobate se rattrapa in extremis à la table, manquant de tomber. Elle leva les yeux. C'était un humain, mais elle ne l'avait jamais vu auparavant.
Tout en se redressant, sans pour autant ôter ses jambes de la chaise qui faisait face à cet inconnu, elle demanda en haussant les sourcils :

- Vous êtes un ami ?

Elle pointa Lucius du pouce. Lucius qui ressemblait à cet instant plus à une loque imbibée de bière qu'à un homme d'ailleurs...

Vaati vit la jeune femme sursauter et se demanda s'il avait bien engagé cette conversation, dans les règles de l'art. A la manière dont celle-ci failli renverser la table et tomber à la renverse sur le sol, ce qui aurait mis un terme à la discussion bien entendu. Il fallait noter que se voir réveiller par un inconnu pouvait avoir des effets néfastes sur la santé, mais de là à provoquer une double fracture de l'os pariétal, il fallait y aller un peu trop fort. Notre mage avait évité de justesse l'accident diplomatique ! La jeune fille se planta alors dans une position d'habituée des lieux, les pieds sur une chaise, le regard vers Vaati et elle demanda humblement si il était un ami. Evidemment, notre héros pris d'abord la question pour lui et fut tenté de répondre à l'acrobate que bien que l'ayant déjà croisée, il n'avait aucun souvenir de sa personne et il ne s'était jamais présenté à elle. Puis, il vit l'acrobate pointer de son pouce un personnage ivre mort, un nécromencien poivrot, Lucius Mortis. Devant un tel spectacle, notre mage fut presque prit d'une envie de rire, un mage d'un niveau aussi élevé s'était abaissé à l'alcool au point de ressembler à Agathe ivre dans une soirée [petite parenthèse ]. Bref, Vaati se retint de ce soupçon de moquerie et reporta son attention sur la jeune fille qui semblait attendre une réponse, il annonça alors :

Ego sum amicum et...

Puis, Vaati se ressaisit et se dit qu'une fille telle que celle à qui il parlait ne devait strictement rien comprendre aux langues anciennes, réservées à une élite, il reprit donc en langue commune :

Je me nomme Corentin Vaati, mage de min état et marchand à Kalencia, je vous prie de bien vouloir m'excuser de ne pas m'être préenté plus tôt. Je suis bien un ami de ce mage quelque peu... accroché à son goulot, c'est une des premières personnes que j'ai aperçu en ce monde de fou. Oui, je suis un ami, permettez-vous que je prenne place à votre table ?

Vaati avisa la chaise la plus proche, la réponse n'allait pas se faire attendre...

Après un léger temps d'arrêt passé à regarder Lucius cuver tranquillement sur la banquette, l'inconnu commença :

- Ego sum amicum et...

Llyk avait commencé à tirer une tête affligée dès le premier mot. Ce type parlait couramment latin ? Il n'y avait que les religieux et les nobles qui étaient capable de ça, à moins que ce soit un mage... Heureusement, il s'apperçut bien vite qu'il s'adressait à une pauvre fille, aussi, il changea de registre.

- Je me nomme Corentin Vaati, mage de mon état et marchand à Kalencia, je vous prie de bien vouloir m'excuser de ne pas m'être présenté plus tôt. Je suis bien un ami de ce mage quelque peu... accroché à son goulot, c'est une des premières personnes que j'ai aperçu en ce monde de fou. Oui, je suis un ami, permettez-vous que je prenne place à votre table ?

Llyk jeta un dernier coup d'oeil au nécromancien (s'il l'était vraiment) et haussa les épaules d'un air désinvolte. Elle ôta ses jambes de la chaise.

- Je me prénomme Llyk.

Elle sourit. Comme à son habitude, elle de donnait pas son nom de famille. On n'était jamais assez trop prudent.

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