Le commencement d'un périple... [Terminé]

Oryll observa Lumilevy, remarquant en faisant cela qu'elle possédait un sens de l'observation assez dévellopé, ou alors qu'elle avait déjà chassé : Il lui avait fallu plusieurs semaines avant de comprendre cette petite subtilité de l'art de la chasse, et encore un petit bout de temps pour connaître les habitudes des animaux. Le chasseur la regarda ensuite planter son épée dans un tronc, avec une habilité surprenante. Sa lame était donc parfaitement équilibrée, sinon elle n'aurait pu viser aussi bien... Et parfaitement aiguisée également, une flèche n'aurait pas traversé aussi bien l'écorce de l'arbre. Mais il fut un peu surpris quand l'elfe éclata de rire... Elle ne lui avait pas semblé d'une nature particulièrement joyeuse et encline à la joie dans la cité, mais c'était peut-être l'ambiance d'alors qui faisait cela. Puis, elle s'adressa à lui, d'une voix qu'il ne lui connaissait pas:

« On y va ? Mon ventre commence à râler. »

Son sourire la rendait encore plus charmante, et son rire cristallin un peu plus tôt était ô combien charmeur, et Oryll compris qu'il voulait passer le reste de sa vie avec cette femme, il n'avait jamais été très porté sur le sexe opposés jusque là, mais il n'avait pas besoin d'être plus expérimenté pour décrypter ces émotions, il voulait pouvoir réentendre ce son encore et encore jusqu'à sa mort, une fois que ses cheveux seraient devenus aussi blancs que ceux de sa compagne. Il secoua sa tête rapidement pour sortir de sa rêverie, puis se releva car il était toujours accroupi près du feu. Il s'éloigna vers les les arbres, baissant les yeux pour chercher des traces de gibier... La pluie les avait estompées, mais elle restaient visibles... Ici un lapin était passé, mais ce qui attira tout particulièrement son attention, c'est l'empreinte de sabot d'un cerf. Et fraîche, elle s'enfonçait profondément dans le sol, donc il était passé ici après le début de la pluie, ce qui l'arrangeait, il serait plus facile à pister car ses pas l'enfonceraient un peu plus dans la boue à chaque fois. Il se retourna vers l'almaâri derrière lui, et lui lança:

"-Par ici, il se pourrait qu'on ai un cerf pour dîner..."

Il se doutait que c'était trop pour deux, mais ils laisserait pour les autres animaux, qui auraient tôt fait de le dépouiller. Il s'enfonça ensuite au milieu des arbres et des broussailles, faisant attention à chaque détails. Les buissons étaient écartés, l'animal était donc plutôt massif, et donc dangereux... Mais il savais comment le tuer sans trop de problèmes. Oryll aperçut sur un arbre une touffe de poil, d'une couleur marron foncée, ce qui devait correspondre à la robe du cervidé qu'il traquait. Il l'indiqua à Lumilevy avant de poursuivre sa route, à moitié courbé pour ne rien rater. Les traces se faisaient de plus en plus profondes, et moins espacées ce qui signifiait deux choses : Elles étaient fraîches, et ensuite l'animal devant eux avait ralenti, probablement par fatigue, ce qui était préférable. Ils n'allaient pas tarder à le trouver...

Quand il la rejoignit, Oryll se lança à la recherche de traces. Bien vite, l'elfe put voir qu'il avait remarqué, bien enfoncées dans la boue, des traces de sabots de cerf, encore fraiches d'après le regard de l'humain. Quand il se retourna vers elle, ce n'était que pour confirmer ce que Lumilevy avait cru comprendre.

« Par ici, il se pourrait qu'on ai un cerf pour dîner... »

Elle hocha la tête, redevenant sérieuse. Le couple s'enfonça dans les arbres, buissons, et autre végétation dans le genre, suivant les marques du cerf. Avec un peu de chance, il était encore proche, et peut être fatigué. Mais même si il était en pleine forme, l'elfe avait confiance dans les talents de chasseur de l'humain, ainsi que dans son maniement de l'arc et ses connaissances dans le domaine. Ils avancèrent encore un peu, et cette fois, ce fut une touffe de poils bruns qui leur prouvèrent qu'ils suivaient le bon chemin. Le plus doucement possible, le couple s'avançait dans les arbres et buissons écartés par la bête traquée, silencieusement. Bien vite, ils s’aperçurent que les traces se rapprochaient les unes des autres; le regard braqué devant elle, Lumilevy ne tarda pas à voir se détacher parmi la végétation un grand corps brun allongé, la respiration lente du sommeil soulevant ses côtes. Elle jeta un coup d’œil dans la direction d'Oryll, lui aussi l'avait vu. L'Almaâri se décala vers la gauche, contournant le cerf de façon à se retrouver derrière lui, se fondant dans les ombres de la végétation l'entourant. Dans un silence de mort, elle dégaina l'une de ses lames, un large sourire froid et sombre s'étirant sur son visage fin. Lumilevy se pencha légèrement, prête à bondir pour achever le grand cervidé si jamais les flèches de l'humain qui l'accompagnait ne suffisaient pas à le tuer d'un coup.

*Allez mon petit... Je te rassure ça sera bref...*

Jamais elle ne s'était vraiment demandé pourquoi elle aimait autant tuer, que ça soit des animaux, des créatures peu ragoutantes ou.. Des Hommes. Mais son sang commençait à bouillir en elle, et l'idée de faire couler ce chaud liquide rouge le long de ses lames la faisait frissonner.

Son regard noir quitta le cerf pour aller se poser sur Oryll. Elle attendait qu'il ne bande son arc pour bouger, ellee attendait un signe. Elle contempla son visage concentré, puis son corps, réduisant son sourire carnassier en un simple sourire heureux. A ses côtés, elle changeait entièrement.

Lorsqu'ils trouvèrent le cerf endormi, Oryll remercia les archons pour leur bienveillance, il aurait été long de le traquer, et il aurait pu fuir, mais ainsi positionné et immobile, ils n'auraient aucun mal à le tuer. Le chasseur attrapa fermement son arc, encocha une flèche. Il visa le sol dans un premier temps, avant de le remonter en le bandant, jusqu'à ce que l'empennage du projectile atteigne sa joue. Il visa doucement la gorge du cervidé, pour le tuer à coup sûr, son poitrail et ses côtes pouvaient dévier ou même arrêter tout simplement la flèche qu'il s'apprêtait à tirer.
Juste avant de relâcher la tension, il jeta un oeil face à lui, pour localiser sa compagne qui était partie se placer à l'opposé. Il vit le sourire qui étirait son visage, et malgré lui, lui rendit le même, au moment où leurs regards se croisèrent. Oryll se reconcentra, d'abord à manger, il aurait tout le temps de profiter de Lumilevy après, et même pendant les temps qui venaient, ils allaient probablement rester encore un petit moment ensemble. Son sourire avait déformé son visage, ce qui avait influé sur la position de sa flèche, et le rôdeur s'en rendit compte à temps, il la réajusta avant de la laisser filer d'un geste fin. Il ne prit même pas la peine d'en préparer une seconde, le cerf était immobile au sol, il n'aurait pu éviter la flèche même en étant éveillé.
Oryll vit les oreilles du cervidé se dresser juste avant l'impact, mais celui-ci coupa court à toute réaction de sa part. En s'approchant du corps désormais inerte, tout en rangeant son arc, il lança:

"-Désolé de t'avoir privée du frisson de la chasse, mais il ne faut leur laisser aucune chance à ceux-là, leurs réactions sont toujours rapides, et je n'ai pas envie de passer deux jours supplémentaires à le traquer.
Une préférence pour le morceau, avant que je commence la découpe?"

Son couteau de chasse apparut brusquement dans sa main, un petit tour qu'il commençait à perfectionner, et qui consistait à bouger assez vite, et à avoir le couteau pile au bon endroit, pour que n'importe qui pense qu'il était apparu la par magie.
Il se laissa tomber accroupi à côté de la bête, et commença à passer la lame du couteau en dessous de sa peau, au niveau d'une articulation car c'était toujours là que c'était le plus tendre, et donc le plus facile à découper... Et le travail de dépeçage commença, dans le sang et les poils de l'animal à terre... C'était assez ignoble, et Oryll pensait avoir bien besoin d'un second bain par la suite du coup... Ils trouveraient bien un ruisseau non loin, du moins il l'espérait...

Lumilevy fixait Oryll, suivant chacun de ses gestes. Elle le vit alors bander son arc, et lui rendre un simple sourire. Enfin, son regard suivit la trajectoire de la flèche de son partenaire, qui finit sa course dans le cou de la bête, qui d'un seul mouvement se raidit laissant glisser son dernier souffle. Le chasseur s'approcha du corps du cerf en rangeant son arc, puis s'adressa à Lumilevy qui replaçait son arme à sa place, le long de sa hanche.

« Désolé de t'avoir privée du frisson de la chasse, mais il ne faut leur laisser aucune chance à ceux-là, leurs réactions sont toujours rapides, et je n'ai pas envie de passer deux jours supplémentaires à le traquer.
Une préférence pour le morceau, avant que je commence la découpe ? »

Quand l'elfe atteint le cervidé, Oryll commençait déjà à enfoncer son couteau fin dans la chair de l'animal. Elle lui sourit et secoua faiblement la tête de droite à gauche.

« Non, aucune préférence. Du moment que je peux manger, tout me va. Tu as besoin d'un coup de main ? »

Elle s'agenouilla face à son compagnon, de l'autre côté du cerf, et brandit l'une de ses lames. L'Almaâri tourna le regard vers les bois de la bête, puis d'un fin mouvement, les coupa à la base pour les récupérer. Attendant que le rôdeur finisse de dépecer le cerf, se recouvrant les bras et le corps du sang du mammifère encore chaud, elle s'assit en tailleurs et commença à tailler l'organe osseux qu'elle faisait tourner entre ses doigts fins. Elle ne savait pas encore très bien ce qu'elle en ferait, mais commença par couper les branches des bois. Deux d'entre eux furent légèrement sculptés de façon à tenir dans la longue chevelure de l'elfe, tandis que les autres étaient taillés en pointe et accrochés à la taille de la jeune femme. Une fois les branches coupées et taillée, elle s'intéressa aux plus grandes parties osseuses. Les tournant entre ses doigts de façon a voir chaque défaut de la matière, l'elfe se décida enfin à en faire pour l'un, abimé en son milieu, un couteau qui partira de la base à la partie rongée, et pour l'autre une flèche pour Oryll.
Ayant achevé la taille de son couteau, elle glissa celui-ci dans sa botte, et se lança dans la taille de la flèche. Elle la fit fine et élancée, décorant l'os de quelques marques. De temps en temps, l'elfe redressait la tête pour observer son compagnon en plein travail. Quand elle eut fini de sculpter l'organe osseux, elle le rangea à sa hanche, relevant une dernière fois les yeux sur le visage concentré du rôdeur.

* Il me faudra te trouver quelque chose de solide pour la pointe, et quelques plumes pour l'empennage. *

Elle lui adressa un discret sourire pour se releva, étirant son corps. Quand Oryll eut fini son travail, l'elfe s'approcha de l'homme et lui déposa un léger baiser, avant de s'emparer de quelques morceaux de chair et, d'un regard accompagné d'un mouvement de tête, elle lui annonça retourner à leur "feu de camp", s'enfonçant entre les branchages écartés par leur précédent passage.

Le chasseur continuait sa besogne macabre, découpant à l'aide de son couteau de chasse de longues tranches de viande, avant de les déposer sur un morceau de peau, pour ne pas les salir. Il ne prenait que les meilleurs morceaux, de toute façon le couple n'aurait jamais pu tout manger... Enfin, probablement que les bêtes de la forêt se feraient un festin de la carcasse laissée à l'abandon.
Oryll leva un œil intéressé vers sa compagne... Elle lui avait proposé son aide, mais ne l'avait pas mise en action... Il se demandait donc ce qu'elle faisait. Celle-ci taillait les bois du cerf, en forme de pointe... Mais que pouvait-elle envisager d'en faire? Ils étaient déjà plus que suffisamment armés donc...Enfin, bref, sans doute savait-elle ce qu'elle faisait, il n'allait pas l'ennuyer pour cela.
Il finit de découper les dernières tranches tendres de viande avant de se relever, secouant ses mains pour les débarrasser d'une partie des déchets qui s'y étaient accrochés. L'almaâri quant à elle le rejoignit après avoir étiré son gracieux corps, et lui planta un baiser sur les lèvres... Il le lui rendit doucement, sans pousser plus loin... Le rôdeur n'était pas encore totalement à l'aise avec cela. Il ramassa ensuite à son tour, juste après Lumilevy, plusieurs quartiers de viande, pour repartir vers leur "campement" de fortune... Ils allaient pouvoir manger à leur faim ce soir.
Les deux personnages traversèrent les sous-bois rapidement, suivant la piste claire qu'ils avaient laissé depuis leur campement, au milieu des buissons écartés et des branches brisées... Oryll se jura de faire plus attention à cela à l'avenir, n'importe qui aurait pu les suivre à la trace, et ils ne voulaient pas vraiment être repérés... Du moins, autant que cela serait possible.

Ils trouvèrent leur feu de camp dans l'état où ils l'avaient laissé, à moitié agonisant, mais toujours chaud, les braises étant encore vivaces. Le chasseur l'attisa un peu en soufflant dessus et en ajoutant quelques brindilles, mais il ne pouvait faire de miracles. Il partit chercher une pierre plate dans les fourrés, et lorsqu'il revint avec une de la taille qui lui convenait -celui d'une poêle à frire grosso modo- il la posa sur le feu. Il ajouta deux bouts de viande qui devaient être particulièrement fondant dessus, puis se retourna pour demander à Lumilevy avec un sourire:

"-Tu préfère saignant ou à point?"

Quand ils arrivèrent à leur petit campement, Oryll ranima un peu le feu puis disparut dans les fourrés pour en revenir les mains prises par une assez grande pierre plate, qu'il posa sur le feu. L'elfe le regarda posa deux morceaux de viandes dessus, jusqu'à ce qu'il redresse le visage vers elle pour lui poser une question, un fin sourire accroché au visage.

« Tu préfère saignant ou à point ? »

Lumilevy sembla réfléchir quelques secondes avant de déclarer, d'une voix vide :

« Saignant. Voire presque cru. »

Elle s'assit face à Oryll, de l'autre côté du petit feu, et se perdit dans ses pensées, le regard au loin, fixant les quelques petites flammes qui léchaient doucement les brindilles humides. Une vague douleur le prit à ce moment la dans le dos, la tirant du bassin aux épaules, brûlant sa cicatrice. Les souvenirs refaisaient surface. Depuis qu'elle avait rencontré Oryll, elle n'y avait plus vraiment pensé, trop occupée à fuir ou à se battre. Sa mâchoire se crispa, et elle ramena ses genoux contre son torse, serrant ses doigts sur sa peau, y laissant quelques marques qui auraient été rouges si elle avait eu la peau blanche. Dans ses yeux sombres dansaient une flamme de haine et de peur, dans ses pupilles noires hurlait un souvenir. Elle vit son père, les arbres autour d'elle, elle sentit la douleur d'une course sans fin dans ses jambes, puis la peur, la peur, rien que la peur. Elle sentit la folie de son père l'entourer, puis tout disparut, jusqu'à ce qu'elle voit un éclat blanc, puis du sang, beaucoup de sang. Et la douleur dans ses jambes repris, elle se remit à courir, poursuivie. Une lumière aveuglante, le soleil. Des plaines. Elle était sortie.
Lumilevy était la, toujours assise, laissant quelques traces sanguinolentes là où ses ongles s'enfonçaient dans ses genoux. Ses yeux étaient vitreux, elle avait trop chaud. Quand elle ressortit de ces souvenirs, elle sentit une légère brûlure sur ses jambes. Son regard vitreux était parti, remplacé par le froid habituel. La jeune femme se releva, jetant un regard au rôdeur, puis grimpa souplement dans un arbre, s'installant à califourchon sur une grosse branche et laissant pendre ses deux jambes. Elle se pencha en avant, posant ses coudes sur le bois, et plaça son menton dans le creux de ses mains. Elle se laissa tomber dans la nostalgie du temps où tout se passait encore bien à Silverleaves, puis à la tristesse de devoir faire subir son passé à Oryll. Son regard s'égara vers l'humain, toujours affairé autour du petit feu.

*Excuse moi, Oryll. Un jour, tu sauras peut être tout.*

L'Almaâri laissa un long soupir lui échapper, puis elle leva les yeux vers la cime de l'arbre dans lequel elle était. Entre ses branches, elle pouvaient voir quelques petits morceaux de ciel, gris et souffrant, ce qui termina de l'attrister. Où étaient passés ces moutons blancs vagabondant dans une étendue bleue ?
L'odeur de la viande cuisant la rappela à l'ordre, et l'elfe bondit de sa branche pour retourner près du chasseur.

Le jeune homme était très moyennement intéressé par la cuisson du cerf, il n'avait pas grand chose à faire, juste attendre... Il était perdu dans ses pensées, jetant de temps à autre un regard au plat qu'il préparait, et plus rarement à Lumilevy. Il réfléchissait à son passé... Enfin, pas exactement, à l'impact que son passé pourrait avoir sur son présent en fait... Oryll avait tué plusieurs personne, près d'une dizaine, dans à peu près toute les grandes villes de ce continent, ce qui l'avait amené à voyager... Par la suite, il avait pris en otage le dirigeant de Taâk'in, pour pouvoir s'en sortir... Il devait être recherché à peu près partout sur Urgôn, même si sa quête avait été motivée par la vengeance... Cela pourrait se montrer gênant par la suite, si on n'avait pas oublié ses méfaits. Il fut tiré de ses réflexion lorsque Lumilevy répondit à sa question toute banale:

« Saignant. Voire presque cru. »

Celle-ci se plongea à son tour dans ses pensées, sous le regard du chasseur, qui hésitait à la fixer clairement, de peur de la gêner... Mais celle-ci avait le regard vitreux, lointain... Elle n'était pas ici, elle voyait autre chose... On lui avait parlé de ces personnes dotée du don de double vue, mais il doutait que sa compagne soit l'une d'entre elle... Alors cela signifiait qu'elle revivait une scène de son passé. Passé dont il n'avait même pas la moindre idée en fait... Cela le fit sourire dans un temps, ils avaient pensé à la même chose à peu près en même temps...
Mais cet air joyeux disparut rapidement lorsqu'il la vit prendre ses jambes entre ses bras, et les serrer fortement contre elle, allant jusqu'à la faire saigner. Lui qui ne savait pas vraiment s'y prendre avec les autres -qui plus est avec les femmes- il hésita sur la marche à suivre... La réconforter, ou bien la laisser revivre cela, même si c'était certainement douloureux? Il choisit la seconde solution, ne sachant absolument pas comment lui parler... Et ce n'était pas forcément le genre de Lumilevy de solliciter de l'aide, et Oryll ne voulait en aucun cas la gêner.
Celle-ci, sentant peut-être son hésitation, choisit de lui faciliter le choix en s'éloignant un peu plus, se reposant sur la branche d'un arbre... Plus question de s'approcher maintenant, elle ne le souhaitait clairement pas. Le chasseur revint à sa cuisson... Les morceaux de viande étaient imposants, et long à cuir... Mais bon, cela faisait maintenant quelques minutes qu'ils étaient sur le feu tout de même... Il retourna les deux, révélant une face un petit peu plus cuite -apparemment- que l'autre, et exhalant une riche odeur de viande en train de cuir... L'almaâri dut la sentir, car elle sauta à bas de sa branche pour le rejoindre. Le rôdeur, toujours accroupi devant le petit foyer, ne lui adressa pas la parole, attendant qu'elle commence... Il y avait des moments où le silence était nécessaire, et il ne comptait pas embêter Lumilevy avec ses petites inquiétudes.
Plusieurs dizaine de secondes plus tard, il retira la pierre du feu, se servant de sa cape pour éviter de se brûler les mains. Le jus grésillait sur le plateau improvisé... Mais la viande n'était pas particulièrement cuite. Le chasseur dégaina l'un de ses couteau pour couper en quatre chacun des quartiers de viande, pour les diviser en des morceaux mangeable. En piquant un sur le bout de son couteau, il le porta à sa bouche, jetant un regard à Lumilevy pour l'inviter à le rejoindre.

[Si tu le souhaite, ça ne pose pas de problème à Ananké pour l'ellipse... Si tu veux le faire dans ton prochain RP... Sinon, je pense que je le ferait dans le mien.]

En s'approchant d'Oryll, elle le vit retirer la pierre du feu et commencer à découper les quartiers de viande presque crue, pour enfin enfoncer la pointe de son couteau dans un morceau et le mener à sa bouche en jetant un regard vers l'elfe. Elle s'installa face à lui, et sortit de l'un de ses gants une petite dague qu'elle venait presque à oublier la plupart du temps. A son tour, elle en enfonça la pointe dans un bout de viande qu'elle avala bien vite. Ils mangèrent ainsi silencieusement, Lumilevy remplissant son ventre et coupant sa faim pour un long moment. La viande, très peu cuite, était encore remplie de sang qui coulait de temps en temps sur ses lèvres fines, donnant à l'Almaâri un petit air vampirique. De temps en temps, elle relevait la tête vers Oryll, se posant des questions sur la nature de son passé. Était-il dur, pour qu'il soit si solitaire ? Intérieurement, elle se promit de lui poser des questions plus tard, quand ils auraient passé plus de temps ensemble.
Quand elle eut fini son repas, elle se redressa et s'étira, le ventre bien remplis. Repue, elle alla s'installer dans l'herbe, s'allongeant, de façon à voir le ciel, et la course des sombres et menaçants nuages qui les surplombaient. Ainsi installée, les bras croisés derrière sa tête, elle attendit que le chasseur finit à son tour de manger pour ensuite partir en direction de Silverleaves. Au bout d'un court moment, l'Almaâri sentit du mouvement à ses côtés, et vit qu'Oryll avait à son tour terminé son repas. Elle se releva et s'approcha de lui.

« Bon... Je te propose de partir. Mais une fois là bas, ça risque de ne pas être de tout repos. Il nous faudra rester discret, la forêt regorge de coupes jarrets. Les Almaâris, comme tu le sais, ne sont pas réputés pour leur gentillesse, et leur amour des visiteurs. Rares sont ceux qui en sont ressortis. »

Il le savait sans doute. Mais c'était peut être pour lui le moment de faire son dernier choix. La suivre jusqu'au bout, et courir le risque de se faire prendre, ou partir de son côté.

*Le pire dans tout ça, c'est que moi-même, je ne peux pas poser les pieds dans ma forêt natale sans le risque de me faire agresser par mes congénères...*

Une dernière fois, elle planta son regard dans les yeux sombres de l'humain. Ce n'était pas son regard dur et froid habituel, c'était un regard chaleureux, qui espérait voir Oryll le suivre. C'était un regard doux qui demandait une réponse positive. Quelques secondes, Lumilevy ferma les yeux, puis fit demi tour et, rangeant sa dague dans son gant, à sa place, elle se dirigea à la lisière du bosquet dans lequel le couple était. Son regard se perdit dans les plaines, alors que le vent transformait les herbes hautes en une véritable marée verte. Le temps était lourd, les cheveux de l'elfe, très longs, devenaient étouffants. Elle les redressa en un large chignon qu'elle fixa avec les deux bouts osseux taillés dans les bois du cerf, étant destinés à se retrouver un jour ou l'autre plongés dans la blancheur de la chevelure de l'elfe. Lumilevy se retourna alors vers Oryll, lui demandant une dernière fois du regard si il l'accompagnait.

[Je te laisse faire l'ellipse Smile

]

Le voyage fût tranquille bien que long. Les deux compagnons contournèrent prudemment les bois de Simëdan, évitèrent avec prudences les zones de guerre dans les Plaines d'Isilian et au bout du'n mois et demain d'une route longue et dure, arrivèrent aux portes des Silverleaves.