Le commencement d'un périple... [Terminé]

Lumilevy et Oryll marchaient tranquillement. Sales et puants, certes, mais tranquillement. Ils parcouraient les campagnes de Teroal sans vraiment savoir où ils allaient. L'elfe voulait trouver un endroit pour se laver un peu, ses cheveux blancs étant plutôt passé à une sorte de gris étrange... Et l'odeur des égouts les suivaient depuis leur sortie de la cité marchande. Le visage levé vers les nuages depuis le début de leur marche, elle admirait la lente danse de ces moutons blancs aux allures si douces. Une légère brise soufflait, tordant avec souplesse l'herbe, transformant la prairie qui s'étendait devant eux en une mer verte aux allures incroyablement douces. L'Almaâri se laissa aller à un sourire sincère, heureuse de se retrouver à nouveau au milieu d'une nature calme, n'ayant que pour seule et unique compagnie qu'un rôdeur aussi silencieux et calme. Le seul son du vent parcourant les herbes faisait frissonner l'elfe à chacun de ses pas. Au bout d'un long moment, elle se décida à baisser les yeux sur les plaines qui s'ouvraient devant elle, magnifique étendue de nature inviolée. A quelques endroits, elle pouvoir voir des petites chaumières, des bois, voire même quelques voyageurs, points sombres se déplaçant lentement à l'horizon.

Après avoir observé en face d'elle, l'elfe du crépuscule s'arrêta et se retourna, voyant au loin la cité morte qu'ils laissaient derrière eux. Le monde marchand venait de disparaître avec Taâk'in, bientôt, le continent entier serait au courant du massacre, si ce n'était pas déjà le cas. Lumilevy soupira faiblement, puis, passant l'une des ses mains dans ses cheveux, les ramenant en arrière dans un mouvement las, elle se retourna vers Oryll, plantant son regard dans celui du rôdeur. Cela lui faisait du bien, elle ne savait pas vraiment pourquoi. Mais elle aimait ce regard sombre, ce regard qu'on ne pouvait véritablement interpréter.

*En espérant que nous restions ensemble dans la découverte de ce continent...*

Elle se mit à sourire sans vraiment s'en apercevoir, puis, au bout de longues minutes, elle s'adressa à l'humain.

« Bon... Je te propose de trouver un cours d'eau avant toute chose. Ensuite... J'aimerai retourner à Kalencia, comme je l'ai dit à Llyk tout a l'heure... »

Elle marqua un temps d'hésitation avant de continuer sa phrase.

« Puis je voudrais retourner à Silverleaves... Pour voir ce que c'est devenu durant mon absence... »

*Et prier sur ta tombe... Père...*

Elle savait que les sombres forêts de Silverleaves en effrayaient plus d'un... Elle s'attendait à un refus de la part du rôdeur, ce qu'elle comprendrait. Ces forêts n'étaient pas vraiment le meilleur endroit pour se balader tranquillement...

Appréciant sa balade au milieu de la nature, en compagnie d'une femme charmante, Oryll avait l'impression de nager dans le bonheur. Plus concrètement, on aurait pu dire qu'il était en nage, voir même qu'il nageait dans la boue. Lorsque l'almaâri se retourna vers lui, il put apprécier à nouveau la douce et intense sensation qu'il éprouvait lors d'un regard avec cette femme, si semblable à lui malgré la différence entre eux. Elle prit la parole d'une voix qu'Oryll commençait à connaître, et écoutait avec plaisir:

« Bon... Je te propose de trouver un cours d'eau avant toute chose. Ensuite... J'aimerai retourner à Kalencia, comme je l'ai dit à Llyk tout a l'heure... »

Au vu de son état actuel, il pouvait difficilement refuser... Et il fallait bien avouer qu'un petit bain leur ferait le plus grand bien à tout deux. Un passage à l'eau leur fouetterait le sang, et c'était aussi bien car il ne savait absolument pas où dormir, et peut-être allaient ils marcher une partie de la nuit, avant de se coucher à la belle étoile. Alors qu'il allait ouvrir la bouche, elle ajouta:

« Puis je voudrais retourner à Silverleaves... Pour voir ce que c'est devenu durant mon absence... »

*Elle vient donc de silverleaves... Enfin, en même temps, c'est logique!*

Il n'avait jamais eu l'occasion de visiter de tels lieux, qu'on disait dangereux, mais il ne savait pas vraiment résister à l'excitation de l'exploration, et les mystères le fascinaient. Ce fut en essorant ses cheveux mi-longs qu'il répondit à Lumilevy:

"-D'accord pour le bain, ensuite nous passerons par silverleaves et ensuite nous retournerons à Kalencia."

* Ça se fera pas en un jour par contre...*

Ce qu'il ne disait pas, c'est qu'il voulait commencer par silverleaves surtout part curiosité personnelle... Mais le plus urgent en premier, il revint donc à ce qui les occupait actuellement : La recherche d'un bain! Il mit sa main en visière, pour tenter de repérer un ruisseau... Il avait une vue perçante, sans doute sa vie de chasseur l'y avait-elle aidé, et il put repérer un fin lacet d'argent qui serpentait sur la plaine, avant de s'enfoncer dans un petit bosquet. Il l'indiqua du bout du doigt à sa compagne, avant de se diriger vers la lisière des arbres. Il n'avait pas vraiment envie de s'exhiber à la vue de tous, surtout en si charmante compagnie. Il se retourna alors qu'il commençait à descendre une petit pente, descendant vers le petit bois qu'il avait repéré, pour attendre Lumilevy... Enfin, surtout pour s'assurer qu'elle suivait en fait.

Suite à sa proposition, le rôdeur sembla réfléchir quelques instants, puis c'est en essorant ses cheveux sales qu'ils lui répondit.

« D'accord pour le bain, ensuite nous passerons par Silverleaves et ensuite nous retournerons à Kalencia. »

Et, sans même attendre un quelconque mouvement de l'elfe, Oryll commença à chercher un endroit pour se baigner. Sans doute avait il trouvé, car après quelques instants à scruter l'horizon, il se décida à aller vers un petit bosquet qui se voyait non loin d'eux. En regardant plus attentivement, Lumilevy put voir briller une fine ligne s'enfonçant dans ce bosquet, qui ressemblait fort à un cours d'eau. Alors qu'ils commençaient à descendre une légère pente, l'humain se retourna pour vérifier que l'Almaâri le suivait bien. Elle passa à côté de lui, lui adressant un fin sourire et passant doucement sa main dans ses cheveux noirs, admirant le visage de son compagnon, profitant de cet instant durant lequel il ne se cachait pas sous sa capuche, puis elle continua sa route vers le cours d'eau. Plus elle s'approchait, plus elle entendait le son particulier de l'eau qui court sur les pierres, faisant frémir ses longues oreilles. Elle avait l'impression de ne pas s'être véritablement baignée dans de l'eau pure depuis des lustres, et c'est avec un plaisir visible qu'elle glissa sa main dans l'eau pour s'asperger le visage. Lumilevy se perdit quelques instants dans la contemplation du liquide transparent glissant, coulant à ses pieds, puis elle se retourna vers Oryll. Ses yeux noirs la fascinaient vraiment, et elle aimait s'y perdre, s'y noyer.

« L'eau est douce et fraiche, ça va nous faire du bien. »

*Enfin se décrasser un peu... Les eaux pures de Silverleaves me manquent...*

L'elfe caressa sa longue chevelure crasseuse, se disant que dans quelques instants elle serait enfin propre. L'eau était peu profonde, mais elle lui arriverait sans doute à la taille, voire un peu au dessus. Parfois, elle se disait qu'être petite n'était pas si gênant que ça, voire même plutôt pratique ! La jeune guerrière commença donc à retirer son équipement, enlevant ses longs gants, profitant de l'air glissant sur ses mains, puis ses bottes, profitant de l'herbe sous ses pieds, puis posant ses lames avec amour sur l'herbe grasse qui entourait les deux compagnons. Pendant quelques secondes, qui lui semblèrent durer des heures, le regard de l'elfe se perdit dans la couleur bleuté des ses armes, semblant vivre leur propre vie. Un large sourire se dessina sur le visage de Lumilevy, incompréhensible, mélangeant un air glacé, inspiré par l'amour du sang et du combat, et un souffle chaleureux, porté par la tranquillité du moment, et par la douce compagnie du rôdeur à ses côtés. Après l'admiration de ses lames, l'elfe releva le visage vers les nuages, cachés entre branches illuminées par quelques rayons de soleil, se perdant dans une nouvelle rêverie. Finalement, elle savait comment elle s'en était sortie lors de sa fuite de sa forêt. Elle ne faisait que ça, rêver. Jours et nuits, elle marchait le visage levé vers le ciel, ne se laissant porter que par ses pas.

Enfin, la jeune femme se retourna vers Oryll, s'attardant sur chaque détail de son visage, charmée par la finesse de ses traits.

Oryll suivit Lumilevy, descendant rapidement la petite pente qui menait au cours d'eau. Quand ils entrèrent sous les frondaisons, il eut l'impression d'être vraiment chez lui : Il avait toujours adoré la nature, en particulier la forêt... Elle l'apaisait. Les glougloutements du ruisseau se faisaient entendre, à quelques mètres sur leur droite, cachés par des fourrés. Ils arrivèrent dans une petite clairière, isolée à la vue du reste du monde, bref un endroit parfait. Elle dit tout haut ce qu'ils pensaient tous les deux tout bas:

« L'eau est douce et fraiche, ça va nous faire du bien. »

*Tout à fait d'accord.*

Oryll hocha légèrement la tête, pour marquer son approbation. Il s'approcha du cours d'eau pour s'en passer un peu dans le cou pour se rafraîchir. Le chasseur tourna la tête pour voir ce que faisait Lumilevy, qu'il put voir en train de poser ses deux épées, et porter un regard insistant sur celles-ci, un sourire au coin des lèvres... Elle avait l'air heureuse, et il avait déjà pu voir qu'elle les caressait souvent. Soit elle adorait ses deux armes, soit le combat l'excitait au plus haut point. Qu'importe après tout, pour l'instant Oryll était ici avec elle, et c'était tout ce qui importait. Il la vit lever les yeux au ciel, une habitude qu'il commençait à remarquer. Quand elle posa à nouveau son regard sur lui, il ne se fit pas prier pour le lui rendre. Après quelques secondes plongé dans ses yeux, il dégrafa sa cape, pour la laisser tomber au sol, dans un bruit de tissu mouillé. Il portait une longue tunique qui avait due être blanche dans le temps, mais qui ressemblait maintenant plus à un chiffon qu'autre chose. Il se défit de ses chaussures de cuir, avant d'entrer doucement dans l'eau glacée du ruisseau. Il frissonna quand il entra en contact avec le liquide, qui était glacé. Il entra à peu près jusqu'aux cuisses. Ensuite, Oryll plongea sa tête dans l'eau, pour avoir le plaisir de sentir les gouttelettes couler le long de son dos. Il se sentait à peu près propre, mais le plaisir de l'eau qui coulait sur son corps le poussait à rester. Et il aurait bien voulu que sa compagne le rejoigne. Le chasseur leva un regard interrogateur vers elle, qui disait presque:

*Tu me rejoins, ou tu veux que je te laisse seule?*

Lumilevy regarda Oryll se glisser dans l'eau jusqu'aux cuisses, après avoir enlevé sa cape et ses chaussures. Enfin, à son tour, elle retira son armure avec délicatesse, ne gardant sur elle qu'un haut noir et abimé, ainsi qu'une sorte de short assez court invisible sous les larges plaques métalliques. Après s'être débarrassée de son armure, l'elfe s'étira longuement, profitant de cet instant sans avoir à supporter le poids de sa tenue. Puis, lentement, elle se glissa à son tour dans l'eau, fixant les yeux d'Oryll qui lui demandaient de le rejoindre. Arrivée à ses côtés, l'Almaâri, qui avait de l'eau jusqu'à la ceinture, plongea sa tête sous l'eau, rinçant ses longs cheveux blancs. L'eau glacée coulait le long de son corps, la faisant frémir. Au bout de quelques instants, Lumilevy ressorti son visage de l'eau dans un grand mouvement, replaçant ses cheveux le long de son dos, éclaboussant tout autour d'elle, et se glaçant la peau avec sa longue chevelure, un grand sourire sur les lèvres.

*Rien ne vaut une eau glacée pour cela.*

Elle décida de rincer son corps, portant de l'eau à ses épaules, tentée de plonger entièrement dans le peu de profondeur du cours d'eau. Enfin, quand elle se sentit à peu près propre, elle se retourna vers Oryll et le fixa. L'eau ne lui arrivait qu'aux cuisses, alors que l'elfe se retrouvait enfouie sous l'eau jusqu'à la taille, marquant encore plus la différence de taille entre les deux compagnons. Physiquement, ils étaient complètement opposés. Les longs cheveux blancs de l'elfe contrastaient avec la chevelure noire de l'homme, ainsi que la peau plutôt foncée de la jeune femme, qui contrastait avec celle, plus claire, du rôdeur. Seuls leurs yeux sombres les rapprochaient. Sa petite taille amusa l'Almaâri, alors qu'elle était perdue dans la contemplation de l'humain. Certes, être petit avait parfois des avantages, mais dans ce genre de situations... Ça pouvait parfois tourner au comique. Pour le coup, elle se sentait vraiment minuscule. De plus, la musculature d'Oryll ne l'aidait pas à se sentir un peu plus grande qu'elle ne l'était. Après quelques minutes, Lumilevy se rapprocha de lui et lui adressa un simple sourire, accompagné d'un simple regard.

« Bon, on fait quoi ? On reste toute notre journée à se regarder debout dans de l'eau glacée ? »

Sa voix était teintée d'un peu d'ironie, mais elle restait chaleureuse et agréable. L'elfe se sentait bien en la compagnie d'Oryll, elle allait même jusqu'à être sociable avec lui. Enfin... Plus qu'avec les autres personnes, en tous cas.

Les deux compagnons passèrent quelques temps ensemble, à se laver et à barboter dans l'eau... Rien de vraiment constructif. A part pour leur hygiène peut-être... Enfin, bref, Oryll se sentait mieux après ce décrassage. Il en avait profité pour laver sa cape, qui était maintenant en train de sécher au bord de l'eau. Ses vêtements étaient tous plus ou moins trempés, et l'eau glacée qui coulait dans le torrent n'arrangeait pas vraiment les choses. Il retira sa chemise, ne gardant comme habit qu'un short léger en toile grossière. Pas vraiment agréable à porter mais pratique. Il finit de passer de l'eau dans ses cheveux, parachevant la sensation de propreté qui traversait son corps.

*Un esprit sain dans un corps sain... J'sais pas où j'ai entendu ça moi...*

Il sortit de l'eau, se rendant soudainement compte qu'il était exténué. Le coup de fouet de l'eau glaciale s'estompait, et il se rendait compte que le peu d'heures de sommeil qu'il avait pu dormir ces dernières nuits ajouté à l'escapade dans les égouts l'avaient fatigué. En proie à la flemme la plus intense, si on pouvait appeler ça comme ça, il s'allongea dans l'herbe fraîche, après avoir fait quelques pas pour s'éloigner de la rivière. Ses habits étaient étendus sur les berges, et maintenant il ferait bien une petite sieste. Ou tout du moins un petit temps de repos. Il releva la tête, pour observer Lumilevy avant de lui dire doucement :

"-Je propose de faire une petite pause avant de continuer. Tu me rejoins?"

Il se laissa ensuite tomber en arrière, attendant que l'almaâri le rejoigne... Celle-ci ne devait pas être dans un état de forme olympique non plus, et cela ne pouvait que lui profiter. Il laissa son regard se perdre dans les nuages au dessus de lui... Les longues traînées moutonneuses créaient des volutes de fumée aux formes les plus étrange, et observer cet éternel jeux dans les cieux était divertissant. Certain des cumulonimbus qui erraient au dessus de lui avaient des formes étranges, rappelant tantôt un animal ou une personne, une arme ou un grand arbre... C'était ce qu'on pouvait appeler la paix. Et Oryll se sentait en paix, allongé dans l'herbe. Une magnifique femme à ses côtés, une herbe douce et fraîche, un ciel magnifique... Que demander de plus?

Peu à peu, les nuages s'épaississaient, agrandissant encore la beauté de ce moment, mais laissant à présager l'arrivé imminente de précipitations importantes.

Après avoir s'être longuement prélassés dans l'eau glacée, Lumilevy vit Oryll sortir de l'eau pour aller s'allonger dans l'herbe.

« Je propose de faire une petite pause avant de continuer. Tu me rejoins? »

L'elfe hocha la tête en signe d'approbation. Elle était un peu fatiguée aussi, suite à une très courte nuit, une escapade dans le siège, puis dans les égouts... Rien de bien détendant quoi. Finalement, elle prit la décision de plonger un peu, même si l'eau était basse, elle logeait. Elle se détendit un dernier instant en nageant, puis elle remonta à la surface (qui n'était décidément vraiment pas loin) puis elle secoua sa longue chevelure en arrière pour la replacer dans un claquement éclaboussant dans son dos. Enfin elle se retourna et marcha vers la berge pour y rejoindre le rôdeur.

*Qu'est-ce qu'on ne ferrait pas pour avoir une vie libre...*

L'elfe s'installa aux côté de l'humain, les bras croisés derrière sa nuque. Ca, c'était la position qui présageait que bientôt, elle serait complètement perdue dans ses pensées, et que le monde alentour n'existerait plus. Mis à part les nuages. Elle se laissa donc aller dans ses pensées, en commençant par le rôdeur allongé à ses côtés. Il l'avait transformée en... Une journée. Un fin sourire se dessina sur son visage, elle était heureuse d'être là, avec lui. Si elle pouvait vraiment s'ouvrir avec quelqu'un, et lui faire vraiment confiance, elle ne s'en plaindrait pas. Puis elle pensa au voyage qu'ils entreprenaient ensemble. Ils iraient à Silverleaves... Mais en clandestins. Sans doute son peuple ne lui pardonnerait toujours pas sa faute, et elle risquerait de se faire juger et exécuter pour son crime. Son sourire se transforma en un long soupir. L'Almaâri était loin d'en avoir fini avec les siens... Puis elle ferma les yeux, tentant de se vider l'esprit de toute pensée.

Après quelques dizaines de minutes d'un demi sommeil, l'elfe rouvrit les yeux pour voir des nuages bien plus beaux... Mais bien plus grands. Ils prévoyaient de grandes précipitations, et même si elle aimait la pluie, elle n'aimerait pas se trouver sous de grandes averses. Elle se tourna vers Oryll, vérifiant que lui aussi avait remarqué le changement des nuages, puis elle se leva.

« Nous devrions nous mettre à l’abri sous les arbres avant que ça ne tombe. »

Sans attendre de réponse, elle ramassa ses équipements et enfila quelques parties de son armure protégeant son buste, laissant les épaulières et les gants de côté, puis, ses bottes et armes à la main, elle partit se mettre à couvert, admirant les branchages des arbres. Ici, ils seraient à peu près au sec, le temps qu'il pleuve. Enfin, elle se retourna, vérifiant que l'humain la suivait bien.

Lumilevy à ses côtés, l'herbe douce sous lui, son corps d'où goutte l'eau peu à peu... Oryll se sentait magnifiquement bien. Il fermait les yeux petit à petit, sentant que le sommeil était en train de l'emporter... Mais ce n'était pas grave, ils ne risquaient rien ici. Alors qu'il allait fermer complètement les yeux, il vit que la teinte des nuages avait changé, et qu'ils s’amassaient sous forme de gros cumulonimbus au dessus d'eux.

*La pluie? Merde!*

Il commença à se lever difficilement, encore un peu dans les vapes du somme qu'il s'apprêtait à faire quand il entendit Lumilevy:

« Nous devrions nous mettre à l’abri sous les arbres avant que ça ne tombe. »

Oryll était d'accord avec elle, il se leva donc, alla chercher sa chemise qui avait maintenant une couleur un peu plus respectable. Il l'enfila rapidement avant de prendre la cape et le reste de son équipement sous son bras. Le chasseur suivit l'almaâri sous les arbres, de grands chênes à ce qu'il en voyait. Le chemin était encombré par les racines, les branches et les buissons, et il devait s'être déjà fait une demi-douzaine de petite coupures lorsqu'il rejoignit Lumilevy. Alors que l'almaâri se retournait pour voir s'il suivait, il lui déposa un baiser rapide sur les lèvres avant de continuer quelques mètres plus loin. Il dégagea une grosse branche tombée là avant de faire un petit espace de deux mètres sur deux où ils pourraient être à peu près tranquille. Le tronc d'un chêne centenaire pouvait leur servir de dossier. Il ne se fit pas prier pour prendre la place, levant les yeux vers sa compagne pour l'inviter à l'y rejoindre.

"-On attend que ça se calme, et ensuite on continue?"

Il se doutait que la réponse serait oui mais bon... Autant poser la question.
Le regard du chasseur se perdit une fois de plus au milieux des magnifiques courbes de l'almaâri avant de remonter doucement vers son visage. Décidément, il avait de la chance d'être ici... Oryll en avait même oublié la question qu'il venait de lui poser...

Lumilevy se retourna, et vit Oryll avancer vers elle, puis, passant à ses côtés, il déposa un léger baiser sur ses lèvre. Elle le regarda s'installer contre un grand et magnifique chêne, puis s'avança un peu vers lui et déposa ses armes. Puis son regard s'échappa vers le magnifique feuillage du centenaire, écoutant le doux son de la pluie commençant à tomber à grosses goutes sur la cime des arbres les entourant. Un fin sourire se dessina sur son visage, puis elle revint à elle même quand elle entendit la voix de l'humain, qui semblait se perdre un peu à la fin de la question qu'il lui posait.

« On attend que ça se calme, et ensuite on continue ? »

En effet, quand le regard de l'elfe se perdit dans celui du rôdeur, elle put voir que lui-même était perdu dans ses pensées, la regardant. Après quelques minutes debout, à oublier la question d'Oryll et à le contempler, elle se décida enfin à s'asseoir à ses côtés. Au fur et à mesure, la question lui revenait en mémoire, et c'est d'une voix un peu absente qu'elle lui répondit.

« Ouais, on attend... Comme ça, on se repose avant de repartir. »

L'Almaâri posa sa tête sur l'épaule de l'humain et ferma les yeux, sereine. Elle se perdit à nouveau dans ses pensées s'entremêlant, mélangeant son avenir, son passé, et son présent. Elle était heureuse d'être là où elle était, en compagnie d'Oryll, avec qui elle se sentait vraiment bien. Jamais elle ne s'était sentie ainsi. Certes, Lumilevy avait déjà connu des moments agréables, en compagnie d'autres Almaâris, mais jamais de tels instants. De plus, depuis sa fuite de Silverleaves, elle avait vécu seule, ses seules rencontres étant ses clients.

*Ce qui m'effraie maintenant, c'est... Plus tard. Mon retour dans les forêts risque de ne pas passer inaperçu, et les règles sont dures là bas...*

Elle rouvrit les yeux, et son regard se posa sur les arbres qui se dressaient devant elle. Ils semblaient si clairs, face aux souvenirs sombres des arbres de Silverleaves...

*Très dures...*

Enfin, son inquiétude se porta sur Oryll. Elle ne savait pas jusqu'où il la suivrait. Elle voulait qu'il reste avec elle durant tous ses voyages, tout comme elle désirait rester avec lui durant tous ses voyages. Mais elle ne voulait pas imposer sa présence. De plus, elle avait peur qu'il rebrousse chemin face à la forêt, imposant et effrayante. Et enfin, ce qui l'effrayait le plus, c'est que la forêt elle même ne le rejette.

A ces pensées, l'elfe ramena ses jambes contre son corps, et entoura ses genoux de ses mains, la tête toujours posées sur l'épaule d'Oryll. Elle ferma les yeux, et tenta de ne plus penser à rien.

Tandis que la pluie se déversait depuis les ventres gonflés des nuages, Oryll était au chaud. La chaleur de l'almaâri contre son corps le protégeait du froid qui s'installait peu à peu avec les précipitations, et il devait en être de même pour elle. Parfois, une goutte traversait le feuillage touffu au dessus d'eux et venait s'écraser avec un petit bruit caractéristique. Puisqu'il ne continueraient pas avant la fin de la pluie, ils étaient destinés à rester là un moment. Le chasseur se cala aussi bien que possible contre l'arbre auquel il était adossé avant de se détendre. Lumilevy, la tête posée sur son épaule semblait somnoler tranquillement. Les yeux perdus parmi les volutes brumeux des cumulonimbus qui les survolaient, il réfléchissait à la suite de leur périple. On ne lui avait jamais parlé d'un homme ou d'une femme qui s'était aventuré profondément dans Silverleaves et en était revenu... Enfin, il n'avait pas forcément écouté des récits de quêtes héroïques, de chevalier ou de dragon durant sa vie, il avait très bien pu passer à côté de ça... Mais quand bien même, il se méfiait de ce qui pourrait arriver. Une brise fraîche se levait peu à peu, et au dessus d'eux les nuages étaient repoussés vers l'ouest. Après quelques heures d'attente, les deux personnages pouvaient voir un bout de ciel bleu au loin. Une demi-heure plus tard, il ne pleuvait plus. Oryll hésita à se redresser et à réveiller l'almaâri pour qu'ils continuent, mais il fallait mettre le plus de distance possible entre Taâk'in et eux.

*Tant pis pour le repos, il faut y aller!*

Il secoua doucement l'épaule de l'almaâri à ses côtés pour la réveiller en douceur. Il la pris ensuite par les épaules pour la déposer doucement contre le tronc du grand chêne puis se leva. Il épousseta sa cape rapidement pour la débarrasser de la terre et des feuilles mortes qui s'y étaient accrochées. Il se retourna vers Lumilevy pour lui dire:

"-La pluie s'est calmée, je propose de continuer."

Il énonçait une évidence, mais il préférait lui expliquer pourquoi il l'avait réveillée.

L'elfe, fatiguée, commença à sombrer dans un sommeil lourd et sans rêves, la tête tranquillement posée sur l'épaule d'Oryll. Quand elle ouvrit les yeux, elle put voir Oryll debout qui venait de la réveiller. Se demandant combien de temps elle avait dormi, elle leva le regard vers la cime des arbres, et put voir entre le vert des feuilles un bout de ciel bleu. La pluie venait de s'arrêter, l'odeur de la végétation après une longue pluie envahissait le bois dans lequel les deux compagnons se trouvaient. Retrouver une telle odeur faisait un bien fou à l'Almaâri, qui se souvint des moments de bonheur passés allongée dans l'herbe mouillée après la pluie. puis son regard sombre et nostalgique se posa sur Oryll, qui époussetait sa cape remplie de feuilles et de terre. Il se retourna alors vers elle et justifia son réveil.

« La pluie s'est calmée, je propose de continuer. »

Cela semblait évident. Ils s'étaient un peu reposés, mais l'elfe voulait quitter au plus vite le domaine de Teroal. Elle n'aimait pas ces contrées, et voulait s'aventurer dans des lieux nouveaux, ou redécouvrir sa forêt. Elle se leva et s'étira un peu, puis elle mis ses gants posés à terre, ainsi que ses épaulières, puis elle raccrocha ses armes avec tendresse à ses hanches. Une fois prête, elle lança un regard à Oryll, lui sourit, puis, habilement, elle commença à avancer entre les racines vers la lisière du bois, qui ne se trouvait pas très loin. Une fois sortie de l'ombre des arbres, elle put voir que le soleil commençait à être très bas sur l'horizon. Ils marcheraient durant la nuit, tant pis. Lumilevy leva les yeux vers les sombres nuages qui s'éloignaient, la pluie tombant encore au loin en de longues trainées grises. Le paysage était illuminé d'une douce lumière orangée, luisant sous la lourde pluie qui venait de tomber. L'odeur dégagée par l'herbe trempait montait dans l'air et rafraichissait les sens de l'elfe. C'était magnifique.

« Regarde ce ciel. Pendant longtemps, je le voyais tous les jours, et à chaque couché de soleil, je m'arrêtais sur un rocher, ou même dans l'herbe, allongée, pour l'admirer. C'est un bonheur simple et doux. Agréable. »

*La nuit est aussi belle, mais au moins, elle dure plus longtemps, on peut admirer le ciel étoilé en marchant...*

Après quelques longues minutes à regarder le soleil se coucher, l'elfe se décida. Elle se mit alors à marcher d'un bon pas. Ça y était. Il partaient enfin vraiment. Ensemble. L'elfe esquissa un grand sourire, et se laissa aller dans de la joie. Un rire franc sortit de sa gorge. Elle avait l'impression de ne pas avoir rit ainsi depuis longtemps.

Oryll suivait Lumilevy, quelques pas en arrière. Il faillit prendre plusieurs branches dans la tête, l'almaâri les ayant lâché sans vraiment faire attention... Le chasseur la rejoignit lorsqu'ils sortirent de la forêt, et il se tint immobile à ses côtés, savourant sa douce présence tranquille, et silencieuse. Les paroles de la jeune femme restranscrivaient plutôt bien les émotions d'Oryll en ce moment:

« Regarde ce ciel. Pendant longtemps, je le voyais tous les jours, et à chaque couché de soleil, je m'arrêtais sur un rocher, ou même dans l'herbe, allongée, pour l'admirer. C'est un bonheur simple et doux. Agréable. »

Les douces ondulations de la prairie détrempée en face d'eux faisaient penser à autant de vagues, poussée par une brise douce, venant se briser éternellement contre les mur et les arbres de la campagne... C'était un spectacle magnifique. Lorsqu'ils reprirent leur marche, il pensa quelques instant à un prophète de Mataniel, un certain "Jésus" qui marchait sur l'eau. Le rire qui éclata dans la gorge de Lumilevy surprit Oryll, qui ne l'avait jamais vue comme cela. Il pensa un instant qu'elle avait eue la même pensée que lui, mais aussitôt après que l'idée lui fut venue à l'esprit, il la laissa tomber... C'était trop peu probable. Et ça ne provoquerait sûrement pas l'hilarité de la jeune elfe à ce point. Il ne chercha pas vraiment à comprendre sa compagne, la laissant aller à son accès de fou rire, lui-même était tout sourire. Une joie ponctuelle, sans vraiment de raison, mais qui lui faisait oublier les soucis de la veille, et les aléa du lendemain... Ils avançaient vite dans la pleine, lui même marchait à grand pas, et l'almaâri qui était un peu plus petite que lui devait se presser pour se maintenir à sa hauteur. Ils purent voir le soleil se coucher, laissant la place dans les cieux aux étoiles, puis plus tard à la lune. La fatigue commençait lentement à faire son oeuvre chez Oryll, qui n'avait pas vraiment bien dormi ces dernier temps, et il en vint à penser:

*Vivement le jour, j'ai besoin d'un peu de repos...*

Il se demanda ensuite où est-ce qu'ils pourraient bien dormir... Il fallait dire qu'il était lui-même à sec, et il doutait que Lumilevy possède plus... Ils allaient probablement s'installer dans les bois. Il essaya de ne pas penser au fait qu'il faudrait probablement instaurer des tours de garde, mais c'était trop tard. Il continua sa marche avec ces sombres pensées en tête, luttant pour ne pas sombrer dans le désespoir.

[Débordement personnel, mais bon, c'est surtout pour le délire Very Happy

]

[Je sais pas si tu as remarqué, mais sur les autres sujets, c'est la tempête. Quand j'ai vu la tournure que prenait votre RP, j'ai décidé de vous faire échapper aux intempéries exactement parce que je voulais ce genre de débordement! Very Happy

]

[Moi j'avais remarqué, mais j'ai rien dit Razz

]

Lumilevy et Oryll marchaient, sans trop savoir vers où. Tout ce qu'ils savaient, c'était qu'il s'éloignaient de Taâk'in en allant vers le Sud. Au dessus, les étoiles entamaient leur danse nocturne, dominées par la lune, illuminant d'une douce lueur les étendues trempées des campagnes que le couple parcourait. Ils tenaient un bon rythme, l'elfe, plus petite que le rôdeur, devait produire plus d'efforts pour le suivre, la tête levée, admirant les étoiles et la lune. Ils marchaient dans un magnifique silence, uniquement brisé par le son de l'herbe qui se pliait sous chacun de leurs pas, et le chant de différents animaux nocturnes. Lumilevy se prélassait d'un tel bonheur. Elle était aux côtés du rôdeur, marchant dans de grandes prairies silencieuses, sous la voute étoilée. Il n'y avait rien de mieux pour elle. De plus, le froid de la nuit ne se sentait plus sur son corps réchauffé par l'effort de la marche. Mais elle commençait elle aussi à sentir la fatigue lui tomber dessus. Au loin, elle put voir un petit bosquet, composé de quelques arbres assez hauts, à côté desquels on pouvait apercevoir d'assez hauts rochers. L'Almaâri attrapa le bras de son compagnon et lui montra l'endroit isolé d'un signe de tête. Ils seraient assez bien installés à cet endroit.

*Une nuit dans un arbre... Ca faisait longtemps !!*

Sans attendre quoi que ce soit de la part d'Oryll, elle se dirigea vers le petit groupe d'arbres d'un pas plus lent que la majeure partie de leur marche passée. La nuit était déjà bien avancée, et même si le jour était encore loin devant eux, il l'était peut être tout autant derrière eux, et ils avaient l'un et l'autre besoin de repos. Arrivée sous la frondaison du premier arbre, l'elfe remarqua que les branches étaient épaisses. Enfin assez pour qu'elle puisse y dormir tranquillement, voire même y faire ses tours de garde.

« Qu'en penses-tu ? On sera bien ici. »

Elle s'était retournée vers Oryll et lui adressait un sourire simple, les yeux assez fatigués, et le corps épuisé. Elle n'avait plus vraiment l'habitude de marcher si longtemps, et de peu dormir. Et encore moins d'avoir de la compagnie. Après l'avoir regardé, un peu perdue dans le vague, elle se remit à parler à voix assez basse, comme précédemment.

« Si tu veux, je peux commencer pour un tour de garde, et je te réveille quand je tombe trop de fatigue... C'est toi qui vois. »

En fait, elle n'avait aucune envie de surveiller les alentours. Mais elle le ferait pas nécessités, et pour faire plaisir à Oryll, et à son sens de la sécurité.

Oryll se dirigeait à l'aide des étoiles. Il avait du faire cela de nombreuses fois dans sa vie de chasseur, et l'habitude avait repris le dessus. Il connaissait les constellations, et leurs positions, il savait exactement où ils allaient. Enfin... La direction dans laquelle ils allaient en tout cas. Lorsqu'il vit le bosquet d'arbres, il comprit qu'ils allaient dormir ici. Quelques secondes plus tard, Lumilevy le lui désignait, confirmant ses soupçons. Il la suivit dans la direction des arbres.

*Et on va dormir sur des branches... C'est pas vraiment que ça me gêne, mais un bon lit ne m'aurait pas fait de mal.*

A peine arrivaient-ils sous les arbres qu'Oryll crocheta une branche avec son bras droit, se hissant souplement sur celle ci. Il scruta la campagne... Rien pour le moment. Il n'avait pas fait de bruit pendant son geste, à part peut-être celui du froissement du tissu de sa cape. Il entendit, en dessous de lui, dire:

« Qu'en penses-tu ? On sera bien ici. Si tu veux, je peux commencer pour un tour de garde, et je te réveille quand je tombe trop de fatigue... C'est toi qui vois.»

Il fut reconnaissant à l'almaâri de bien vouloir le premier tour de garde, mais il ne voulait pas accepter comme ça. Une marque de galanterie serait la bienvenue. Il se laissa tomber avant de se retourner vers sa compagne pour lui dire:

"-Je prendrai le premier tour. Je te réveille dans 3 heures environ. Dors, repose toi, j'aurais tout mon temps après cela."

Il réalisait qu'il devait être autant voir plus épuisé que la jeune femme à ses côtés, mais bon... Il refusait qu'elle se fatigue trop. Il préférait qu'elle prenne du repos. Ils continueraient demain, et peut-être arriveraient-ils à se coucher à des horaires plus classiques...
Il s'approcha de Lumilevy, la prit dans ses bras et l'embrassa longuement. Ils s'en sortiraient ensemble, quelque soit les risques, il fallait qu'ils se serrent les coudes. De sa main droite, il caressait tendrement les cheveux de l'almaâri, la gauche la maintenait contre lui, elle était passée derrière le dos de la petite femme. Il savoura cet instant délicieux, moment de bonheur après ce qu'ils avaient pu endurer dans Taâk'in, et pendant la fuite ensuite.

A peine étaient-ils arrivés près du bosquet que le rôdeur s'était hissé dans l'arbre le plus proche pour scruter la campagne alentour. Puis, après s'être laisser tomber habilement de son perchoir, il avait refusé la proposition de l'Almaâri, prenant ainsi le premier tour de garde.

« Je prendrai le premier tour. Je te réveille dans 3 heures environ. Dors, repose toi, j'aurais tout mon temps après cela. »

L'elfe hocha la tête avec un fin sourire, reconnaissante. Elle sentit alors les bras du rôdeur l'entourer, et ses lèvres se poser sur les siennes. Lumilevy lui rendit son baiser, profitant de cet instant auprès du rôdeur. Jamais elle ne s'était sentie ainsi. Elle entoura le corps de son compagnon de ses bras, et caressa doucement son dos, le serrant contre elle. La jeune femme se mit alors a penser à toute cette suite d'événements et de rencontres. Elle s'était liée d'amitié avec un autre de sa race, alors qu'elle était poursuivie par les siens. Sans doute n'avait-il pas entendu parler de toute cette histoire, et elle en était heureuse. Elle qui avait décidé de revenir à Kalencia pour exercer à nouveau son métier de forgeronne après le tournois, elle se retrouvait la, serrée contre un homme qu'elle connaissait finalement à peine. Mais elle se sentait bien contre lui. Heureuse et confiante. Ils avaient fuit Taâk'in ensemble. Et elle espérait qu'ils traverseraient le continent ensemble. Au bout d'un long moment, l'elfe se sépara des lèvres de l'humain, et, sans le lâcher, elle plongea son regard sombre dans les yeux marrons d'Oryll après avoir observé chaque parcelle de son visage.

*Mais qu'allons-nous devenir...*

Un sourire se dessina sur le visage de l'Almaâri, illuminant son visage sombre. Une brise légère souleva sa longue chevelure, fouettant doucement sa peau violacée et sombre. Après quelques longues minutes pensives d'admiration du regard de son compagnon, l'elfe se hissa sur la pointe des pieds pour déposa un rapide baiser sur les lèvres du rôdeur, puis elle le lâcha et grimpa silencieusement sur l'arbre le plus proche, cherchant une branche large et confortable pour son sommeil. Elle le regarda, puis, d'une voix calme et douce, elle s'adressa à lui.

« Réveille moi dès que tu sens la fatigue te tomber dessus. Je ne veux pas que tu t'épuises trop. »

Elle désirait parler avec lui, mais ils avaient tout un trajet devant eux, et des nuits aussi douces et claires, ils en auraient peut être beaucoup. Ils auraient tout leur temps pour ça. Lumilevy lui adressa un dernier sourire et leva les yeux vers le ciel se découpant entre les feuillages de son arbre. Elle croisa les bras derrière la tête, confortablement installée sur sa branche, et se laissa aller, prête à tomber dans les bras de Morphée.

[J'sais pas ce que vous en pensez, mais je crois que ce sujet sent le XP à plein nez Very Happy

]

[On s'est mis d'accord pour commencer du vrai bon RP maintenant, alors on y met ce qu'on a... Et si y'a plein d'xp, tant mieux! On fera baver Aramis... Mais c'est pas forcément par envie d'xp qu'on fait ça, c'est surtout pour le plaisir de faire du beau rp.]

Il regarda l'elfe grimper dans l'arbre avec un mélange d'envie et d'admiration... Décidément, c'était une magnifique femme... Et il l'enviait de pouvoir partir dormir directement! Lui-même allait devoir passer plusieurs heures à scruter une campagne, où il n'allait rien se passer... Enfin, dans le meilleur des cas.

*Et le pire ce serait quoi? Se faire attaquer par un écureuil?*

Effectivement, pas grand chose à craindre pour le petit groupe cette nuit... Une bête sauvage allait peut-être s'infiltrer dans le bosquet, mais rien dont le rôdeur ne puisse venir à bout facilement. Il se hissa sur la branche qu'il avait quitté quelques secondes plus tôt. Il ne regrettait pour rien au monde d'en être descendu, même pour ces quelques secondes. Il s'assit en tailleur sur l'embranchement que faisait le tronc et une branche plutôt épaisse. Mais un noeud du bois le gênait. Oryll se releva pour monter un peu plus haut... Il avait une meilleure vue d'ici. Et il pouvait voir à travers le feuillage au dessus de sa tête. Le chasseur leva les yeux vers les étoiles qui le surplombait... Le firmament était magnifique, dégagé après l'orage qu'ils avaient subis un peu plus tôt.
Il se rappela que sa mission consistait à surveiller leur petit "campement" si on pouvait appeler ça comme ça... Pas de feu pour se réchauffer, et il faisait froid... Le jeune homme se frotta les mains l'une contre l'autre dans l'espoir de se réchauffer un peu, avant de les enfoncer dans ses manches pour ne pas subir le froid mordant. Il se souvint d'une vieille balade qu'il avait entendu un soir, dans une auberge, et se mit à la fredonner doucement, si bas qu'elle parvenait à peine à ses oreilles.
Il posa les yeux sur la plaine face à lui... Si quelqu'un ou quelque chose arrivait, il pourrait le voir des kilomètres à l'avance. Il cassa une brindille de la branche sur laquelle il était assis, avant de la séparer en plus petit morceaux, puis les coupants à leurs tour... Pour ensuite les jeter sur une cible imaginaire d'un tronc d'arbre à sa droite. L'image d'un homme qui tuait le temps... La nuit serait encore longue pour lui, et probablement pleine d'ennui. Il se prit à penser à leur futur... Il serait emplit de danger, c'était certain, mais lesquels... C'était plus stressant de savoir qu'une crasse pouvait vous tomber dessus à tout moment que de savoir quelle problème allait vous frapper, et à quel moment... Réjouissant comme perspective.
Malgré son envie de dormir, Oryll restait alerte, bien que perdu dans ses pensées... Son petit jeu avec les bouts de bois continuait.

[Ayant un message d'ananké qui me dit qu'il ne se passera rien, je fait la suite:]

Il tua le temps comme il pouvait, s'ennuyant profondément... Le chasseur dodelinait de la tête sous l'effet de la fatigue, mais ne sombra jamais dans le sommeil dont l'appel se faisait de plus en plus insistant. Finalement, en voyant que la lune n'allait pas tarder à se coucher, il pensa que ce devait être la fin de son temps de veille... Il pensait qu'il s'était passé des jours, alors qu'en réalité, seules quelques heures s'étaient écoulées. Il sauta à bas de sa branche, arrêtant de scruter la plaine, et rejoignit Lumilevy sur sa branche. Oryll la secoua légèrement pour la réveiller, afin qu'elle prenne son tour. Il l'embrassa une dernière fois pour être sûr qu'elle allait se lever, puis s'installa sur un noeud de branches, qui formait une petite plateforme, sombrant presque instantanément dans les bras de Morphée.

Lumilevy s'était très vite endormie, admirant la voute céleste entre les feuilles au dessus de son visage. Ce fut un sommeil lourd et sans rêves, réparateur au plus haut point, tellement la fatigue qui l'avait habitée l'avait rongée au plus profond d'elle-même. Son réveil fut plus doux que son sommeil, même si l'elfe l'aurait bien retardé de quelques heures. Elle sentit des mains se poser sur son corps pour la secouer, puis les lèvres d'Oryll se poser sur les siennes. Quand elle ouvrit les yeux, le rôdeur s'était déjà installé sur une large branche, et commençait à fermer ses paupières, tombant dans les bras de Morphée. L'Almaâri se redressa sur sa branche et regarda le ciel. Il semblait déjà bien clair, elle avait longtemps dormi, pas étonnant que le rôdeur soit ainsi tombé. Puis, après quelques instants le regard fixé sur le ciel s'éclaircissant, elle se laissa tomber au sol souplement et s'étira de tout son long, secouant sa longue chevelure. Enfin, elle remonta dans un autre arbre non loin de celui où dormait Oryll, et fixa son regard sur la plaine vide s'étendant devant elle. Même le regard vide de l'elfe l'était moins que les étendues d'herbes qui se dressaient à perte de vue. Décidant de ne pas rester sur une branche basse, elle accrocha une qui se trouvait au dessus d'elle et se hissa habilement jusqu'à la cime de son arbre. Quelle que soit la direction dans laquelle Lumilevy regardait, toujours ce vide, ces étendues vertes et grasses. Au loin, l'orage qui les avait surpris lors de leur sieste près de la rivière s'allégeait encore de son humide poids. De l'autre côté, elle pouvait distinguer la grande et sombre cité de Taâk'in, se dressant de toute sa grandeur au milieu de quelques petites forets. La cité marchande, autrefois belle et réputée pour être la plus grande, et le principal lieu de rendez-vous des marchands, était maintenant réduis au stade de ruine. La mort avait porté sa lourde main sur la ville, emportant dans d'atroces souffrances la population dans l'au-delà.

Perdue dans ses pensées, accroupie au dessus du vide, l'elfe regarda le vent faire danser les herbes. Elle ne savait plus depuis combien de temps elle avait quitté Kalencia. Elle ne savait plus depuis combien de temps elle avait quitté Silverleaves. Elle ne savait même pas depuis combien de temps elle était la, assise en haut de cet arbre, surplombant la plaine. Laissant un long soupir quitter sa gorge, l'Almaâri descendit de son perchoir et alla s'installer dans un arbre moins feuillu, lui permettant de rester près du sol, tout en voyant les alentours. Enfin, son regard se posa sur le visage endormi d'Oryll. Il avait vraiment besoin de ce sommeil, elle ne le réveillerai pas avant longtemps. Elle voulait que le soleil ait déjà bien entamé sa course pour sortir l'humain de ses rêves. Elle admira le fin visage de l'homme, chacun de ses traits. Ses cheveux noirs tombaient en une sombre cascade sur ses épaules, cachant une partie de son visage. Il semblait serein dans son sommeil. Perdue dans la contemplation de son compagnon, l'elfe ne put s'empêcher d'esquisser un fin sourire.

*Le temps passe vite. Hélas, il te fera vieillir, me laissant moi de côté, seule face à mes longues années d’existence.*

C'était la première fois qu'elle y pensait. Elle était elfe. Vivant depuis déjà presque 60 ans, elle se trouvait avoir, finalement, un âge très proche de celui du rôdeur. La jeune Almaâri se surprit même à être attristée par ce constat. Elle voulait trouver un moyen de lui donner cette longévité. Elle voulait trouver le moyen de vivre à ses côtés sans le voir partir bien avant elle.

Après ce constat macabre, qui lui avait fait serrer les poings, se créant des traces d'ongles saignantes dans les paumes, Lumilevy leva son regard vers les nuages qui passaient au dessus de sa tête. Elle se perdit ainsi dans cette rêverie sans sombres pensées, jusqu'à voir que le soleil avait bien avancé sa lente course. Elle crocheta une branche, et souplement, elle se projeta aux côtés d'Oryll, le secouant délicatement pour le réveiller, le regardant fixement.

[Ananké, j'ai décidé de le réveiller, mais tu me dis si tu veux intervenir avant, dans ce cas j'éditerai.]

[Nan, jusqu'à présent, ça me va. En revanche, j'avais une question à vous poser à tout les deux, répondez moi par MP, cela vous dérange t-il si je met ce sujet en post-it comme exemple de ce qu'il faut faire pour avoir 5 XP par message? Parce que là... Je me dis que je vais faire griller ma calculatrice pendant la notation Laughing

]

Les rêves d'Oryll furent agités, remplis d'ombres et de meurtres, des rêves qui étaient en fait des cauchemars. Le chasseur remua toute la nuit sur sa branche, manquant d'en tomber plusieurs fois. Il se réveilla en sursaut une fois, couvert de sueur, son couteau de chasse à la main, il scrutait les alentours. Rien. Le rôdeur se maudit d'être aussi tourmenté, il était exténué et chaque minute de sommeil comptait. Oryll tenta de se rendormir, mais il s'agita dans tous les sens, son esprit hanté par des fantômes d'un autre temps... Finalement, il sombra à nouveau dans le sommeil, non moins agité que le premier.

Lorsque Lumilevy le secoua pour le réveiller, et que le soleil caressait doucement la peau de son visage, il éprouva un soulagement indescriptible. C'était comme une libération... Le chasseur ouvrit les yeux, pour voir l'almaâri penchée au dessus de lui, le soleil dans son dos formait une aura dorée autour de sa tête, à l'instar d'une couronne d'or. L'elfe au dessus de lui était la plus belle des créatures dans le matin, et Oryll n'avait aucune chance contre cette femme. Il leva une main, pour venir rabattre une mèche de cheveux blanc de l'elfe derrière son oreille dans un geste doux et plein de tendresse.

Le chasseur s'assit ensuite, sentant ses membres lourds qui répondaient durement à l'effort... La nuit ne l'avait absolument pas reposé, c'était presque le contraire. Il descendit au bas de l'arbre, accomplissant ses étirements matinaux par la même occasion... Ses muscles fatigués répondaient durement aux sollicitations, mais il faisait ces exercices depuis des années déjà, et n'allait pas s'accorder de pause aujourd'hui. Finalement, en sentant ses muscles le brûler à la fin de l'effort, d'un feu saint puisqu'il signifiait la vitalité, il s'arrêta. Il regarda alentour pour trouver Lumilevy avant de lancer à la ronde:

"-Que dirais-tu de manger un coup?"

Après tout, si l'on avait pas bien dormi, il fallait se rabattre sur la nourriture pour reprendre des forces... Et ses forces il allait en avoir besoin, car ils avaient encore beaucoup de chemin à faire avant d'arriver à destination...

Regardant Oryll ouvrir les yeux, elle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire en profitant de la douceur du geste de l'humain. Son regard laissait voir qu'il avait mal dormi, et elle ne pouvait que le comprendre. Elle, elle avait l'habitude de dormir dans les arbres, elle l'avait pour ainsi dire presque toujours fait. Mais elle savait que les humains n'étaient pas forcément faits pour ça. L'elfe le regarda ensuite se redresser et faire ses étirements, les mêmes que la veille. Sans doute était-ce une habitude pour lui que de s'étirer longuement, pour détendre ses muscles. Elle le fixa sans un mot, sans un geste, toujours perchée sur la branche où avait dormi le rôdeur. Quand il eut fini, il regarda autour de lui, puis eut l'idée de lever la tête pour la regarder, et lui proposa :

« Que dirais-tu de manger un coup ? »

C'était en effet une bonne idée, elle n'avait pas mangé depuis un certain bout de temps, et son ventre commençait à crier famine. Lumilevy se laissa donc habilement tomber de sa branche, puis passa aux côtés d'Oryll, lui laissant un bref baiser sur les lèvres.

« Oui, bonne idée. Mais personnellement, je n'ai rien. Donc je te propose de chercher dans le coin si il n'y aurait pas un quelconque animal à tuer, ou des fruits, n'importe quoi, mais quelque chose qui se mange. »

Elle se retourna vers son compagnon et le fixa. Ils mourraient tous deux de faim, n'ayant pas mangé depuis la veille au matin. Le soleil était déjà haut dans le ciel, l'Almaâri n'avait pas voulu réveiller l'humain trop tôt, ce qui laissait encore plus de temps sans avoir mangé derrière eux.

« Et si tu ne tiens pas à manger de la viande crue, on peut toujours essayer de faire un feu. »

L'elfe regarda autour d'elle, tout était mouillé, trempé par l'orage qui les avait surplombé la veille. Il serait difficile d'allumer quoi que ce soit... Mais tout était toujours réalisable, et ils avaient passé l'un et l'autre bien du temps sur les routes, à ne se nourrir que très peu, et à devoir allumer du feu avec uniquement quelques brindilles trempées et... Presque rien pour produire ne serait-ce qu'une toute petite étincelle. Elle leva ensuite les yeux vers le ciel. Il semblait crier, les nuages étaient laids. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas vu un tel ciel, mais sans doute le vent portait les nuages en provenance de Taâk'in. Elle comprendrait leur souffrance et leurs formes atroces.

*Nous pensons être passés à côté de la peste sans ressentir de douleur, ou même n'importe quel signe de la maladie. Mais qui nous dit que nous n'avons rien subit ? ... Peut être le temps nous prouvera que nous avions raison de ne rien craindre... Mais après tout, nous ne sommes que de simples mortels, rien de plus.*

Perdue dans ses pensées, elle en avait presque oublié leur but premier : se nourrir. Elle était accablée par l'apparence des nuages, et par ses pensées, et son visage froid et dur reprenait le dessus.

*Effectivement, on n'a pas de provisions... Eh bien, je vais pouvoir me montrer utile! Enfin... Bon... Si il y a du gibier, forcément...*

Le chasseur chercha des yeux du bois potentiellement sec, bien qu'il ne se fasse pas vraiment d'illusion sur la possibilité d'en trouver... Il y avait quelques brindilles et branches ici et là, mais trempées par l'orage de la veille, le feu prendrait durement. Et il dégagerait beaucoup de fumée, ce qui impliquait qu'ils seraient vite repérés... Il ne savait pas exactement à quelle distance de Taâk'in ils étaient, mais tant qu'ils seraient à Tero'al, Oryll ne reculerait devant rien pour se montrer un peu plus discret. Il s'adressa à l'almaâri:

"-Effectivement, nous aurons besoin de feu, pour cuire la viande... Mais il dégagera beaucoup de fumée si nous utilisons ce bois... Enfin, je pense que nous n'avons pas vraiment le choix. Et après, je pense qu'il va falloir chasser. Que dirais tu d'apprendre l'art de la chasse? De toute façon, je pense qu'il vaut mieux rester ensemble le plus de temps possible, il se pourrait qu'on nous repère, et nous serons bien plus facile à tuer seul qu'ensemble."

Ce disant, il entra dans les buissons pour chercher quelques branches et brindilles qui conviendraient pour allumer le feu dont ils avaient besoin pour faire cuir une future proie. Après quelques minutes de fouille supplémentaire, il avait rassemblé de quoi faire démarrer un petit feu. Il continua pendant encore quelques instants, pour trouver des branches plus grosses qui serviraient à alimenter le feu quand il aurait prit. Une fois un petit tas de bois assez conséquent rassemblé, il retourna dans la clairière, posa le bois en son centre avant de repartir. Il chercha pendant encore quelques temps avant de revenir, une brassée de pierre lui encombrant les mains. Il les disposa en cercle au centre de la clairière, juste à côté du tas de bois. Oryll positionna un petit paquet de brindille dans ce cercle aux contours plutôt irréguliers, avant de prendre l'une d'entre elle qui lui paraissait solide, et une branche plus grosse. Il fit tourner la brindille à toute vitesse, perçant peu à peu cette branche. Après quelques instants, de la fumée se dégageait du trou. Il souffla dessus, et de petites flammes s'élevèrent, brûlant rapidement les copeaux de bois à haute température qu'il venait de former. Il versa le tout sur les brindilles qui fumèrent, mais ne prirent pas. Il dut répéter l'opération trois fois de plus pour que les brindilles prennent, et même alors le feu était faiblard. Les flammes prirent petit à petit, à mesure qu'elles gagnaient d'autre brindille. Le chasseur ajouta quelques branches, et attendit qu'elles prennent feu... Le tout dégageait une épaisse fumée grise, mais au moins cela permettrait de cuire de la viande, et de se réchauffer. Le rôdeur se retourna vers Lumilevy:

"-Je ne sais pas s'il tiendra jusqu'à notre retour, mais au moins nous aurons des braises pour le rallumer... Prête à y aller?"

L'elfe regarda Oryll ramasser du bois, et l'aida en cherchant de son côté des branches et brindilles moins humides que les autres. Une fois qu'ils eurent rassemblé leurs trouvailles, l'humain s'attela à la tâche la moins simple : allumer le feu avec du bois mouillé. Une fumée grasse et sombre s'éleva du tas de brindilles, s'élançant vers les froids nuages qui parcouraient le ciel.

*C'est à peine si on pourra faire cuire quelque chose dessus... Ou même se réchauffer. Mais ça suffira, on va pas faire nos compliqués.*

Lumilevy leva son regard sur le visage d'Oryll attelé à sa tâche, puis elle le vit se redresser et se retourner vers elle.

« Je ne sais pas s'il tiendra jusqu'à notre retour, mais au moins nous aurons des braises pour le rallumer... Prête à y aller ? »

L'Almaâri hocha la tête et regarda autour d'elle. Souvent, les petits animaux sortaient de leurs trous après les orages. Il serait simple pour eux de chasser. La végétation était dense, elle devait posséder une riche faune sauvage, avec un peu de chance, ils trouveraient un lapin, ou quelque chose comme ça. Avant de partir, l'elfe s'assure qu'elle arrivait toujours à viser comme il le fallait après sa courte nuit, et, se retournant vers un arbre relativement lointain, elle porta sa main au manche d'une lame, le caressa doucement, et saisit l'arme fermement. Habilement, elle la retourna pour tenir la lame, et elle la lança violemment contre le tronc sec, protégé par les branches, qui se trouvait face à elle. L'arme s'enfonça dans le bois jusqu'au milieu du métal bleu avec un bruit mat. Lumilevy sourit légèrement, et se dirigea vers l'arbre pour récupérer sa compagne de combat. Le bois était largement marqué, une grand entaille béante se faisant voir dans le tronc. L'elfe posa ses mains dessus et ferma les yeux. Elle n'était pas sylvaine, mais possédait une forte relation avec les arbres, ayant grandi sous leur frondaison, ayant dormi dans leurs branches, ayant vécu sous leur protection.

*Excuse moi. L'entaille est profonde, mais propre. Tu guériras.*

Une fois ceci fait, elle retourna aux côté de l'humain et quitta le petit bosquet dans lequel ils étaient. Quand elle se retourna pour voir si il la suivait, elle put apercevoir la faible fumée grise de leur feu. Ils étaient largement repérables, mais ils ne laisseraient rien à leur "campement", et les bandits qui parcouraient les plaines n'avaient pas beaucoup de chances si ils se retrouvaient face à Oryll et l'elfe. Même si l'humain ne semblait pas passionné par le combat... Et si tuer des humains ne devait pas être simple pour lui. Elle, elle était "pardonnée" : elle haïssait cette race hypocrite et trop sure d'elle. A sa forge, elle n'avait toujours reçu que des ordres des humains, des regards froids. Et toujours, elle devait les remettre en place. Quitte à perdre des clients. A sa ceinture pendaient encore quelques outils de forgeronne. Elle espérait un jour retrouver une enclume, un marteau, du métal sans forme... Se faire le plaisir de frapper. Quand elle revint à elle, Lumilevy regarda la fumée s'élever au dessus des arbres et rejoindre les nuages aussi gris. Le monde hurlait. Quelque chose se préparait, c'était obligé.

Mais bien vite, son ventre la rappela à l'ordre, et elle laissa un long rire s'échapper de sa gorge. La faim la tiraillait, elle avait besoin de manger. La jeune Almaâri saisit l'une de ses lames et la fit tourner entre ses doigts quelques instants, attendant la venue d'Oryll. Quand il fut à ses côtés, elle le regarda fixement puis s'adressa à lui, souriant jusqu'à ses longues oreilles.

« On y va ? Mon ventre commence à râler. »

Ainsi, elle ressemblait à une gamine. C'en était presque comique.

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