La nuit est tombée depuis longtemps sur Taâk'in. La grande arène est éclairée par des dizaines de torches accrochées aux murs. Soudain, une ombre apparait et traverse le dédale de galeries. Sur l'arène, un pied se pose, puis l'autre. On peut à peine distinguer la silhouette d'un homme. L'inconnu s'arrête en pleins milieu de l'arène et fixe avec obstination le sol. Les nuages laissent peu à peu la lumière de la lune apparaitre. On peut voir aux pieds de l'homme des restes de combats comme des bouts de tissus ou des morceaux d'armes ou d'armures. Lorsque la lune est enfin pleine, le visage du mystérieux personnage est maintenant visible: c'est Loup Solitaire.
Loup Solitaire lève sa tête et fixe la clarté de l'astre de la nuit. Puis, il dégaine son épée et son bouclier et commence à se battre contre un ennemi invisible. Il mélange attaque, défense et danse artistique. Il esquive en faisant des pirouettes, il attaque en faisant de très belles vrilles et utilise un tempo rythmé. Il exécute un magnifique spectacle tel un acteur du Kyougeri (théâtre chinois utilisant le combat et la danse à la fois). Il termine sa chorégraphie en visant la lune avec son arme. Il la fixe du regard et respire par la bouche tellement il est essoufflé. Son regard balaye rapidement les gradins vides et, il quitte enfin sa position finale.
* Mon voyage ne m'a pas ramolli *
Personne n'a put admirer ce beau spectacle, mais le guerrier s'en fiche pas mal. Le combat en dansant n'est pas sa carrière, juste un entraînement à la grâce. Il rengaine son épée dans son fourreau, met son bouclier en bandoulière, et s'assoit sur le sable froids de l'arène. Le jour, la grande arène est toujours très animée mais la nuit, pas un chat. C'est peut-être grâce à ca que Loup Solitaire est venu dans ce monument incontournable dans la vie des habitants de Taâk'in.
La pluie s'abat sur l'arène dans un fracas assourdissant, puis c'est l'orage. Loup Solitaire n'en démords pas et reste sur le milieu de la piste. Ses longs cheveux mouillés flottent au vent, et s'écrasent sur la face du guerrier. D'un bref coup de mains, il enlève ses mèches qui l'empêchent de voir. Doucement, il retourne dans les rues de Taâk'in, dans la direction opposée au vent. Eclairé sous la lueur des éclairs qui s'enchaînent sans relâche.
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