La duperie précède la fuite ? [TERMINE]

Ne prenons pas des chemins détournés, le port de Taâk'in est fort bien indiqué et facile à trouver. Dans cette ville, les marchands connaissent particulièrement bien ce lieu, siège d'une activité grouillante. Depuis la construction antique de la ville au début des âges, les bateaux chargés de marchandises et de produits lointains ainsi que de vivres déposaient les plus grandes merveilles de ce monde. Devant les nombreuses têtes qui affluaient pour lorgner et observer les plus belles pièces hors de prix, les capitaines des navires vantaient leurs produits, lançaient des harangues magnifiquement développée et trompeuses et finissaient enfin par vendre aux plus offrants à des prix déraisonnables. Des épices, des bijoux, des céramiques, des porcelaines noires... rien ne manquait dans cet assemblage exotique chargé de saveur, de passion et enfin de parfums attrayants. C'était en amenant les manants du monde entier que la ville avait connu la plus grande prospérité commerciale possible; une partie du siège Imalien avait été construit au moyen des revenus et taxes sur les marchandises. Il n'existait en Taâk'in aucun marchand qui avait jusqu'alors connu une baisse de ces activités et rares étaient ceux qui mettaient la clef sous la porte...

Jusqu'à ce que la peste décide de frapper ! Elle rongea les intérêts des marchands, certains abandonnèrent la ville et prirent d'assaut les autres ports ne voulant en aucun cas attraper le bacille. D'autres s'étaient convertis au marché noir le plus vil et vendaient de la camelotes ou des vivres infâmes à prix d'or. Néanmoins, le port n'avait pas perdu toute son activité car certains tentaient de fuir la cité en barque et s'échouaient au grès des courants. D'autres détroussaient ceux qui s'aventuraient en ce lieu et acheter ensuite la marchandises des malhonnêtes entraînant à nouveau le cercle vicieux du marché noir et de la violence; Et puis, il y avait les passeurs du port qui parfois tentaient leurs chances auprès des désespéré. Itaav furieux arriva dans le port et scruta les alentours afin de tomber sur Marcus en criant des phrases blasphématoires et des insultes latines...

Alors que Vaati cherchait Marcus dans le port, un drôle de type lui tira légèrement sur les vêtements, à la manière des enfants qui veulent attirer l'attention de leur mère. Vaati le regarda. Il était terriblement maigre, vêtu de loques dégoutantes et surtout, le coup et le bas du visage marqué par d'horribles bubons et cicatrises suppurantes. De toute évidence, c'était un pestiféré et il avait déjà l'air d'être mort, signe que sa mort effective ne tarderait pas. D'une voix éraillée il demanda à Vaati :

"Monseigneur... La charité, mon seigneur! La charité pour un pauvre bougre!!"

Puis il se mît à toussoter légèrement avant de lancer un regard suppliant au magicien.

Lorsuq'Itaav prit conscience qu'on le tirait par la cape, il fut pris d'une pensée tenace. Le paradigme de violence qui le tenait enfermé dans sa folie passagère l'obligea à se laisser envahir par cette idée fixe :

*Quemadmodum ibo istum vehementer interfecere ? Debeo me urgere !*

Néanmoins, cette belle résolution était toujours entravée par le vieillard pestiféré (à moins que ce ne fut un homme plus jeune horriblement défiguré par la peste) en demandant soit quelques noblons soit autre chose. Itaav dans l'état actuel des choses ne pouvait pas répondre à de telles requêtes, premièrement par profonde lassitude et par esprit de vengeance, mais aussi parce qu'à force d'être trop sympathique, Itaav avait, en prenant le contrôle, abrégé le côté bonne poire de Vaati pour laisser en lieu et place une irritation doublée de réactions largement disproportionnées. La noblesse de coeur, la générosité sont parfois des concepts bien éphémères quand on considère le moindre incident qui peut faire basculer l'humeur d'un homme. Cependant, de tels caractères ne sont pas pardonnables dans le cas d'un trouble passager. Néanmoins, au-delà d'une série de conflits marqués et d'escarmouches diverses, les gens changent profondément et se tournent vers une voie plus directe, franche, cruelle et déloyale. Parmi les larmes les plus gelées versées par un quidam pour une quelconque raison, la plupart n'atteindront pas le sol sous les coups de la violence de l'être avili par les anicroches les plus mesquines de son maussade quotidien. L'embrasement glacé de la colère ne peut cependant cesser de poindre dans les coeurs, Itaav et sa rage vinrent sur le port ensemble et dans le but d'en découdre avec la misérable vie d'un homme; la Douce Amie, Dame Sans Visage devait s'emparer de cette misère futile, ce parasite à la pestilentielle et évanescente odeur : celle de Marcus.

Mais Marcus ne venait pas, il ne laissait rien derrière lui et ne reviendrai plus? Il fuyait, il avait fuit, trop tard pour Itaav ! Alors, cela signifiait qu'il ne pouvait pas y avoir une victoire écrasante sur la supercherie ? Itaav resterait alors ligoté par l'acier mollement trempé dans le bouillon de la haine ; l'acier de la répulsion. Le pestiféré implorant était un idiot parmi tant d'autres mais il avait importuné Itaav et levé la main au mauvais moment, la mauvaise nuit, la nuit la moins opportune. Il reçut ainsi de plein fouet le regard le plus noir d'Itaav ; un rayon perçant, contondant, coupant et délitant les êtres et les âmes. Mais le regard fut très vite suivi d'un coup de pied vif dans un des pieds du maheureux dont un doigt partit avec force pour atterrir près d'un égout où un rat énorme semblait attendre de pouvoir dévorer quelque chose. Le pauvre hère, quant à lui, était donc non seulement pestiféré mais aussi lépreux, était-il possible d'accumuler à ce point les miasmes ? Ce bougre sembla se ratatiner devant la violence du coup et la perte de son orteil. Itaav ne s'arrêta pourtant pas à cet excès, il écrasa une main du malade immonde et lâcha dans un souffle méphistophélique :

Je n'ai que faire de toi, iste ! Iste ,qui inter aliques, meae doloris originem est ! Incipio enatare et nunc meam patientiam et omines delectabilissimus emarcesco ! Tu entends ? Audis, tu ! ? Tu n'as aucun moyen de me faire sortir d'ici alors à quoi sers-tu hormis à mourir de la plus basse des manières ? Tu es chétif, tu ne vis pas, tu expires les dernière chrysalides d'air qui formèrent un jour le contenu de tes poumons. Fais-moi sortir ! Tu ne peux pas ? Time me ! Non potes ! Time me ! Fais-moi quitter cet enfer !

Les doigts du pestiféré rougissaient sous l'écrasement intense d'Itaav. Les derniers tissus vivants laissaient parvenir la douleur au coeur du cerveau du pauvre lépreux, laissant dans ses yeux les plus grandes souffrances connues sur la terre nourricière, terre devenue inhospitalière depuis que les villes de monstres humains étaient fermées et laissaient reposer et décanter la mort...

[N'exagèrons rien, pestiferé oui, lépreux non, d'autant que le coup de l'orteil qui s'envole parce qu'on tape dedant n'existe que dans vos blagues de mauvais goût...]

La main du pauvre homme était écrasé sous la colère d'Itaav autant que sous son pied et celui-ci gémissait de plus en plus fort.

"Je vous en pris, laissez moi!! Laissez moi je vous en supplie! Aaaaaaaah!"

Le pauvre pestiféré suintant la mort continuait à scander sa souffrance telle un poème tragique et demandait le plus bruyamment du monde d'arrêter sa torture. Itaav ne prenait pas celle-ci comme un jeu, ç'eut été d'un sadisme effaçant toutes noblesses, mais comme un moyen efficace de relâcher les tensions exercés sur lui depuis la fermeture des portes. Il permettait au malheureux de hurler et accessoirement d'accélérer sa fin douloureuse en lui arrachant les extrémités avec la plus grande dignité possible. Le nez du lépreux déjà manquant lui donnait une face infundibuliforme tandis qu'il suppliait de ses cris déchirants (et par conséquent adaptés à sa perte de membres) que son supplice s'arrêtât. Ce léger intermède eut un effet tout à fait inattendu, du peut-être à la part de l'autre. Itaav leva son pied de la main disloquée et pourrie, décomposée par la vie de mendiant et les sursauts de la maladie puis il baissa la tête et mis une main tremblante dans sa poche. Il sortit ainsi un noblon qu'il jeta d'un air pathétique vers le pauvre hère en disant, le souffle court :

Tiens, prends pauvre idiot, tu ne peux rien faire pour moi et contre la colère de l'autre, excuse donc la fureur de celui qui s'emporta, jette donc ton dévolu sur quelques nourritures qui satisferont ton estomac de gueux. Tu extricas cum posse cum fortuna. Macresces, eum assem te mancipo.

C'était fini, la colère et la haine s'en était allées, Vaati était enfin de retour pour un temps. Il voulait certes toujours sortir mais Marcus avait quitté son esprit et le corps démembré du brigand ne lui importait plus. La véhémence avec laquelle il avait voulu s'extirper de la cité maudite, du cocon maudit avait cessé d'exister.

*J'ai envie, très envie de sortir, de partir loin de ces égouts et de ces rats empoisonnés, des vapeurs fétides et des râles des malades. Je veux voir le monde s'ouvrir à moi, retrouver ma boutique et mes armes ou voir les merveilles des montagnes, chercher les derniers dragons, invoquer les créatures de l'ancien monde, inventer des choses utiles et nouvelles, développer mon savoir et celui des autres... je veux quitter Taâk'in !*

Vaati jeta un regard au mutilé par le sang nécrosé et prit sur sa personne pour se calmer de manière à ne plus céder la place à une personnalité machiavélique et vicieuse...

L'homme n'attendit pas un autre changement d'avis de son agresseur et, attrapant le noblon, il parti aussi vite qu'il le pouvait dans une ruelle adjacente.

Vaati vit alors le présumé malheureux se lever d'un bon maladif et, après avoir mis dans sa poche la pièce dorée, il se précipita dans une ruelle où il disparut dans le plus vif silence. Notre héros se retrouva donc à nouveau seul et réconcilié avec lui-même pour un court mais agréable temps; toujours était-il que le monde ne progressait pas, que Vaati était encore coincé entre les murs, que la ville semblait toujours aussi sombre et qu'une fois de plus, notre mage était perdant dans toutes ces affaires. Au final, il ne lui restait plus que ses pieds pour marcher et ses yeux pour fixer l'eau vague du port, au coeur de la nuit, fraîche. En recherchant quel serait donc la suite des évènements, il prit donc sur lui de déambuler quelques instants sur les dalles dures et amèrement glaciale du port. Il avança devant lui, en scrutant sans arrêt les vapeurs brumeuses qui fouettaient la surface grise des étendues salées, mêlant les gouttelettes d'une eau pure à la viscosité fangeuse du sel marin et de la vase. Les plus petites vagues, écrins d'éclats irisés du verre des abysses, clapotaient, cliquetaient sur des chaînes encombrées d'algues violettes et vertes et rongeaient des cordes trop longtemps exposées aux assauts du poison plombé et corrosif. Derrière les hangars, de l'autre côté de la rue, un bruit retentit, il s'agissait d'un hurlement de loup. Notre héros avait entendu récemment parler d'un jeune idiot qui se croyait capable d'appeler la gente canine de par ses vertus erronées de héros, il s'agissait sûrement donc d'une de ses fantaisies passagères qui ne faisait de lui qu'un hurluberlu ridicule.

Les hangars étaient, quant à eux, fermés pour la nuit et en raison de la peste. Personne ne semblait les avoir ouverts depuis quelques jours et les traces de rouille ne devait en rien amélioré ce décor plus que fantomatique. D'ailleurs, dans cet environnement ectoplasmique, seules les valeurs apaisantes de l'élément aqueux proche permettaient de donner au milieu un cadre pittoresque : la ville et son port durant l'épidémie. En continuant sa ballade au milieu de la rue, Vaati aperçut alors une lueur à une vingtaine de mettre, au-dessus de l'eau. Ne tenant pas face à la curiosité, notre héros eu soin de s'approcher de la jetée. Il découvrit une légère bande de sable qui formait une calanque microscopique aux confins du bourdonnement urbain. Sur cette plage, la trivialité aurait vu un groupe d'amoureux en pleine observation de l'eau, enlacés tels de cygnes abrutis et déconfits. Cependant, depuis l'épidémie, la Triviialité avait rejoint avec enthousiasme la Mort dans une entreprise morbide de grande ampleur, un des travaux de la vie qui était période d'affluence pour l'une des entités citée. En effet, à la place de ce tableau mièvre se trouvait un spectacle ignoble et peu banal...

Un marin avait laissé échoué sa barque éclairée d'une lanterne sur ce banc de sable, non pas par inattention, mais parce qu'il avait soudainement succombé à la peste ! Ainsi, son cadavre flottait entre deux eaux, polluant de la sorte le liquide l'entourant. Sur un de ses côtés, un bubon éclaté laissé s'échapper une petite quantité de sang tandis que crustacés et alvins venaient s'accumuler sur la plaie. De l'autre côté, un trou béant laissait entrevoir une côté brisées, peut-être lors de la mort subite et d'un choc ; quel horrible spectacle ! Restait également une main marquée par la maladie et contractée dans la souffrance. Notre héros n'osa pas s'en approcher d'avantage et ne voulut point retourner le cadavre, avant tout parce qu'il craignait la peste et également parce qu'il ne voulait pas voir le reste du spectacle immonde, d'autant qu'il était convaincu de la mort du personnage. Néanmoins, la barque en parfait état l'intéressa bien d'avantage, elle ne présentait aucune éraflure et aucune fissure distincte. Son bois, poli malgré l'action du sel, était en très bon état et la lampe à huile qui trônait au-dessus de l'ensemble, accrochée à une barre métallique, contenait trois réserves pleines. Ceci tenait peut-être du miracle mais valait bien la peine, personne ne pouvait sortir de la cité par bateau et pour éviter cela, l'ensemble des embarcations avait été cadenassées au moyen de chaîne surrésistante. Le fait qu'un frêle esquif de ce genre se fut trouvé sur cette plage, devant Vaati, à ce moment précis était une aubaine inespérée. Notre héros ne s'y prit donc pas à deux fois, il prit son élan et enjamba la barque, il atterrit ainsi dans son fond avec bonheur et vit que les rames elles-mêmes étaient intactes. Il ressortit, tira la barque dans l'eau en évitant de heurter le cadavre du marin et remonta à bord. Puis, il empoigna les rames, vérifia ses affaires dont le livre qu'il tenait, avec ses copies, fermement posé contre son torse avec les parchemins et partit à la surface des eaux...

[Soit Vaati, soit, tu peux jouer avec le feu, prend ta barque et force le blocus, mais à tes risques et périls!]

Vaati s'éloignait peu à peu du rivage. La barque semblait encore assez solide et avançait sur la mer d'huile comme portée par une force divine. De plus en plus loin brillaient les phares de Taâk'in quand soudain un choc assez violent se fît sentir. La barque s'arrêta net, arrêté par une des chaînes du blocus accrochées au fond de l'eau par un travail de titan et maintenus par des poids dont la nature mystérieuse excitait l'imagination populaire. Le savant savait probablement à quoi s'attendre. Les gardes côte patrouillait probablement régulièrement dans ces eaux et il lui fallait prendre une décision rapide si il ne voulait pas que son retour à Taâk'in ne soit brutal.

L'espérance de l'évasion ne résiste jamais à la dure réalité du destin. Les fatales expériences et l'escapade abrupte finissent souvent broyés dans les profondeurs obscures du désespoir. Nous ne saurions dire si le monde peut un jour s'écrouler, imploser et finir broyer dans la masse de l'incompétence humaine. Mais la nuit, dans les limbes agressives et pourtant immatérielles du port de Taâk'in, là où la brume naît en quelques secondes, personne n'est à l'abris de perdre sa foi en l'Homme, et d'espérer encore une ultime chance de salut, une rédemption. Les malades le savent, tirons donc au sort, tu as pris la mauvaise pièce, que la maladie s'abattent sur toi et avec elle son lot de miasme. Que le peste te transperce corps, âme et veines, tu mourras ce soir, demain matin ou dans l'après-midi le plus pâle. Tu as peut-être pris la mauvaise carte et le pique t'empêche de te tenir à carreau, mais d'autre que toi auront bien plus de chance et seront menés vers des lendemains plus cléments. Qu'est-ce que le choléra le plus insidieux à côté d'une foudroyante félicité ? Fais donc fi du fielleux félon qui frappe tes fils et tes filles de la peste, tu le dois. Agis de telle sorte que ta vie ne soit pas uniquement un enchaînement inaliénable de malheurs. Ecoute la voix raisonnée la plus pure, tu ne sera peut-être plus là demain pour l'entendre. Te nuit-elle cette étrange logorrhée qui psalmodie dans ton crâne que tu es maudit ? Ce n'est qu'une apparente schizophrénie que tu es obligé de supporter. Vaati, tu ne mérites pas ce sort si désagréable. Tu n'entends pas de glas dans le lointain, tu ne dois pas faire demi-tour, ton monde bascule, va-t'en de cet enfer !

*Mais je ne m'en irai pas, je mérite la vie à l'extérieur, je mérite la terre et la plaine comme les tréfond obscurs des grottes inconnus !*

Vaati se lança dans l'exploration de son crâne où s'amoncelaient les idées nouvelles, elles se culbutaient et parfois s'annulaient. Il fallait trouver la solution de l'écueil, ou plutôt aux chaines qui faisaient barrage à la frêle embarcation. Au loin, les quelques lumières qui restaient allumés dans la ville n'éclairaient en rien la scène. Il en allait mieux ainsi, notre héros n'avait que moins de risques d'être pris par la milice. Cependant, le temps, valeur infinie et pourtant si précieuse manquait à Vaati. En vérité, seule la lune pouvait jouer un rôle néfaste. Vaati devait se concentrer, créer l'astuce la plus efficace face à cet arrêt intempestif. Il n'était plus temps de déprimer ou de se lamenter. Il n'était plus temps de faire resurgir le mal qu'était l'autre. Les chances de quitter la ville et les eaux prévalaient sur tout le reste. Maintenant, il était plus que temps d'invoquer la solution.

Vaati avait été certes secoué par le choc, mais il ne dérogea pas à son principe fondamental, son paradigme de réflexion. Il partit à l'arrière du vaisseau et inspecta la coque fort heureusement intacte. Seuls quelques coquillages semblaient manifester de l'ancienneté de l'embarcation. Puis, notre héros repartit vers l'avant, prit les rames et les posa à bord de son embarcation; Enfin, il se concentra sur un point lumineux à l'horizon et prononça l'incantation suivante :

Si facere volo, licet. Quaero quis veniat, dicit se ego ire. Primatus venit et curat Malum !

Le bateau tangua légèrement et un singe parut devant Vaati en jaillissant de la brume. Notre héros avait invoqué un capucin et il savait fort bien que ces redoutables chasseurs, charmants et dangereux connaissaient l'art de la nage et de la plongée. Ayant raisonné finement, Vaati donna l'ordre au primate de défaire les chaînes situées à l'avant de la barque. Avantage conséquent, la force du capucin s'avérait suffisante pour les déplacer combinée avec la faible pesanteur de l'eau et également la poussée d'Archimède. Le singe plongea et dénoua les chaines, Vaati prit une rame, puis la deuxième et repartit sur les eaux après avoir dépassé le blocus marin et la milice. Le singe remonta à la surface et regarda fixement Vaati, cherchant une récompense. Notre héros s'excusa :

Désolé mon pauvre ami, mais je ne puis rien t'offrir, accepte ma gratitude en cadeau de ta bonne volonté, peut être viendra le jour où je te dédommagerai au centuple. Revoco te !

Le singe disparut dans le nuit, tandis que la barque filait vers le liberté...

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