Marche solitaire... [Terminé]

Tout c'était passé très vite. Il y avait encore peu, Lucius était entouré d'amis, Eldar, Aramis, Llyk et peut être même Pierre. Mais la fureur des eaux comme la main de Dieu l'avait séparé de la plupart d'entre eux et il s'était à moitié brouillé avec Eldar. C'était d'ailleurs ruminant encore sa dispute avec les deux amis que Lucius avançait, le ventre gargouillant et pleurant son absence de petit déjeuner. Néanmoins, il en fallait plus pour arrêter un nécromancien déterminé et Lucius marcha durant au moins deux bonnes heures jusqu'à trouver une petite clairière où il s'installa. Ses précepteurs lui avaient enseignés comment monter à cheval ou se battre à l'épée bien qu'il n'ai jamais excellé dans aucune de ces matières, mais jamais comment allumer un feu. Il aurait pu chasser, mais n'avait ni arc, ni flèche. Bref, la noblesse n'était pas un avantage dans la nature. Le jeune homme mit sa cape à sécher sur une branche et s'allongea dans l'herbe, bien décidé à faire une petite sieste, sa courte nuit lui pesant presque autant que la faim. Il rêva de richesses et de bière, se roula confortablement dans l'herbe mais fût brutalement réveillé, bien trop à son goût. Une pluie torrentielle venait de s’abattre sur lui et le ciel ne mentait pas : il était caché par des nuages lourds et noirs, signes d'orage imminent. Le plus désagréable avec cet orage était qu'il empêchait de se faire une idée de l'heure qu'il était, aussi le nécromancien était il incapable de dire si il avait dormis vingts minutes ou 6 heures, mais de toute façon, peu importait pour le moment. Ce qui comptait, c'était d'arriver en lieu sûr à temps. Par chance, sous les frondaisons, la cape du jeune homme était au sec et avait séché mais l'odeur ne manquait pas : elle avait besoin d'un bon lavage, tout comme le reste des vêtements de Lucius, mais de toute façon, ce n'était pas une priorité. Sans attendre d'avantage, le frêle jeune homme trottina contre le vent en priant tout les dieux de le mener à un village ou à un campement avant que l'orage ne se déchaine complètement.

La marche de Lucius était parfaitement épuisante. Il avançait contre le vent qui soufflait.

Quelle ne fut pas sa surprise quand il put apercevoir à l'orée d'un bois quelques tentes plantées en cercle ainsi que des chevaux, qui, attachés aux arbres, broutaient tranquillement.

Des éclats de voix incompréhensibles parvenaient à l'oreille du nécromancien.

Deux hommes semblaient s'agiter autour de quelque chose, peut-être s'évertuaient-ils à allumer un feu.

La marche de Lucius l'avait mené jusqu'à ce qui semblait être un campement, un campement avec des hommes, mais surtout, avec des chevaux. La lutte du jeune nécromancien contre le vent l'avait fatiguée, et un cheval serait probablement un bon allié contre les éléments, néanmoins peut être qu'une place dans une tente autour d'un verre d'alcool lui ferait le plus grand bien... Le problème était que Lucius ne comprenait pas ce que disait les hommes, à cause du vent peut être ou bien parce qu'ils parlaient une autre langue. Quoi qu'il en était, il lui sembla risqué d'aller les voir ouvertement, peut être étaient ils des brigands? Aussi l'homme se décida t-il à contourner le camps en passant par la forêt qui longeait le dit campement en se camouflant dans les buissons et en se rapprochant jusqu'à reconnaitre ce que disait les hommes. Si c'était de l'humain, Lucius comprendrais, si c'était du latin, il devrait comprendre quelques mots, et si c'était de l'elfique, il reconnaitrait au moins la langue...

Les deux hommes s'affairaient à allumer un feu. Après quelques essais infructueux, le feu finit par s'allumer.

Un des autres qui était assis devant une tente se leva et mit plusieurs morceaux de viande dans une écuelle en fer.

Un mouvement dans les buissons attira les regards des deux hommes qui venaient d'allumer le feu. L'un d'eux portait un arc et un carquois, l'autre un sabre de bonne facture.

Il s'approchèrent à pas de loups du buisson. Le rôdeur avait bandé son arc, la flèche pointée vers le fourré, l'autre se tenait en garde.

Au vu de leurs tenues et des peaux qui servaient de tapis dans les tentes, il était clair qu'il s'agissait de trappeurs.

Lucius c'était glissé dans les fourrés pour observer les hommes. Ceux-ci étaient bien des humains. Ils peinaient à allumer un feu ce qui, sous ce temps, était un véritable exploit. Néanmoins, il arrivèrent à leur fin. A en juger par l'omniprésence de la fourrure dans leur camps, les hommes devaient probablement être des chasseurs et peut être des négociants en peau, le nécromancien ne risquait donc pas grand chose à leur demander l'hospitalité, néanmoins ses talents de discrétions ne valaient pas les talents d'observation de deux chasseurs aguerries... Celui qui avait un arc le banda et pointa une flèche vers le drôle de gibier embusqué pendant que son camarade brandissait un sabre à l'allure pour le moins inquiétante. Il était temps de réfléchir rapidement... et de crier depuis le buisson une phrase apte à sauver une vie.

"Oh là messieurs, du calme! Je vais me lever doucement et les mains en l'air, d'accord? Ne tirez pas! Je vais tout vous expliquer!"

Les deux chasseurs levèrent un regard soupçonneux quand ils entendirent la voix agitée qui s'était élevée du buisson.

L'homme au sabre répliqua froidement :

"Hola, maraud ! Sors d'ici, et doucement. Pas d'entourloupe, sinon..."

Il ne termina pas sa phrase mais le ton employé était lourd de menaces.
Les chasseurs parcouraient les nombreuses routes d'Urgôn afin de vendre les peaux d'animaux qu'ils avaient durement traqué et tué. Avec l'épidémie de peste, les embuscades étaient courantes et ils se devaient de redoubler de méfiance. Ils ne pouvaient pas se permettre de se faire voler des biens durement acquis.

Les autres hommes du campement avaient focalisé leur attention sur le petit buisson, la main prête à tirer leurs armes.

Lucius se leva très lentement, les mains bien au dessus de la tête, le coeur battant à une vitesse folle. Il se disait que son allure pathétique, les cheveux et la cape mouillés et souillés par l'eau des égouts et de la pluie, la mine effrayée et pâle et la maigreur importante. Il toîsat ceux qui tenait sa vie entre leurs doigts pendant un court instant et tenta le baratinage de sa vie.

"Je ne suis pas un maraud, messieur! Je suis un mendiant que vos armes ont effrayé mais qui, poussé par la faim et la peur de l'orage a tenté sa chance à se glisser dans les buissons pour savoir si vous êtiez hostiles ou non! Par tout les dieux je vous en conjure, ne tirez pas! J'ai des enfants qui m'attendent à Kalencia avec leur mère malade!"

Puis, la voix théatralement brisée par le chagrin, mais sans baisser les mains d'un millimètre, le nécromancien se mit à faire croire qu'il pleurait, utilisant la pluie ruisselante à son avantage et poussant des gémissements plaintifs. Le tableau ne semblait pas trop mal joué et il priait dieux et diables de faire que les trappeurs fûssent de son avis.

L'homme au sabre fronça les sourcils d'un air soupçonneux en voyant l'individu plus que grotesque qui sortait du buisson. Il écouta se tirade d'un air attentif puis répondit doucement :

"Vous avez le teint bien pâle pour un homme qui dit venir du Sud, et vous n'avez pas l'accent de Draconia. Qu'importe, vous me semblez faiblard, venez manger un petit morceau. Je vous ai à l'oeil alors pas de geste brusque."

De sa main libre, il invita d'un geste énervé le nécromancien à sortir de sa cachette de fortune et à entrer à l'intérieur du petit campement. L'archer le tenait toujours en joue, prêt à lâcher une flèche qui serait certainement fatale au jeune homme.

De toute évidence, le discourt de Lucius n'avait pas convaincu. Le chasseur semblait plus que méfiant, mais n'était sûrement pas un mauvais homme : Il laissa le malheureux vivre.

"Vous avez le teint bien pâle pour un homme qui dit venir du Sud, et vous n'avez pas l'accent de Draconia. Qu'importe, vous me semblez faiblard, venez manger un petit morceau. Je vous ai à l'oeil alors pas de geste brusque."

Malgrès ces belles paroles prononcées sans agressivité aucune, le nécromancien savait qu'il n'était pas le bienvenue. D'un geste brusque, le trappeur l'invita à entrer dans le camp pendant que son compagnon continuait à le pointer de son arc. Se disant que ce n'était plus le moment de reculer et que de toute façon, ces trappeurs avaient l'air de braves types, Lucius, toujours les mains en l'air, avança dans le camps.

"Oh messires, si vous saviez... Ma vie n'a pas été un long fleuve tranquille... Si je suis si pâle, c'est parce que mes parents étaient de Mataniel, il parrait d'ailleurs que j'ai hérité de leur accent... Si vous le souhaitez, je peux vous donner mon épée le temps de manger un peu de ce que votre bonté voudra bien me donner, afin de vous rassurer..."

Comme assurance, Lucius savait bien qu'il restait toujours sa dague cachée dans sa botte, ce n'était certe pas Nibel, l'épée de Therion, mais c'était toujours mieux que rien.

L'homme s'assit devant le feu et observait attentivement la viandre qui cuisait à la broche. Celle-ci dégageait un fumet délicieux. Daignant accorder un moment d'attention à Lucius, l'homme au sabre - qui s'était fait appeler Clairvoyant par un de ses subordonnés - fit volte-face.

"Garde ton épée. Je sais très bien que tu n'oseras pas me tuer, d'autant plus que tu n'es pas en état de te battre. Et puis... vaut mieux voir la mort arriver une arme à la main." dit-il d'un air songeur.

Alors que la viande était cuite à point, Clairvoyant en coupa une tranche et la tendit à Lucius avec un gobelet d'eau-de-vie. Les autres trappeurs prirent également leur part et avaient cessé de jeter des regards méfiants au jeune homme. Néanmoins, l'archer veillait tout en ingérant son frugal repas.

Lucius fût emmené devant un feu crépitant et chaud qui lui fit grand bien. Là, un quartier de viande cuisait en dégageant une odeur allêchante qui donnait envi au nécromancien de se lancer dessus en oubliant toute bienscéance. Néanmoins, il résista à la tentation. Il y avait finalement plus de chasseurs que Lucius l'aurait cru de prime à bord.

"Garde ton épée. Je sais très bien que tu n'oseras pas me tuer, d'autant plus que tu n'es pas en état de te battre. Et puis... vaut mieux voir la mort arriver une arme à la main."

Le jeune homme ne répondit pas. On venait de lui servir un morceau de viande avec un gobelet de ce qui semblait être un alcool fort. Lucius vida le verre d'un seul coup dans sa bouche, se demandant pourquoi l'homme parlait de "voir arriver la mort une arme à la main" et donna un grand coup de dent dans sa viande, en déchirant un grand morceau qu'il avala tout rond avec un plaisir non dissimulé.

"Merci infiniment Monseigneur... Alors dîtes moi, vous chassez souvent dans la région? Vous pourriez peut être m'aider, je cherche le village le plus proche..."

Clairvoyant, après avoir mastiqué et avalé un morceau de viande, répondit à Lucius.

"Eh bien, nous sommes plus ou moins nomades. Nous chassons à travers Teroal mais nous nous aventurons rarement aux frontières de Draconia et de Mataniel, c'est trop dangereux et la guerre fait fuir le gibier. Si vous suivez la route vers l'est, vous devriez arriver à une petite bourgade. Ce n'est qu'à quelques heures de marche d'ici, vous devriez pouvoir l'atteindre avant la nuit."

Le chef des trappeurs observa le ciel, après avoir repris de la viande et bu une gorgée d'alcool.

"Il semblerait qu'une averse se prépare. Hâtez-vous avant de vous faire cueillir par la pluie."

"Eh bien, nous sommes plus ou moins nomades. Nous chassons à travers Teroal mais nous nous aventurons rarement aux frontières de Draconia et de Mataniel, c'est trop dangereux et la guerre fait fuir le gibier. Si vous suivez la route vers l'est, vous devriez arriver à une petite bourgade. Ce n'est qu'à quelques heures de marche d'ici, vous devriez pouvoir l'atteindre avant la nuit. Il semblerait qu'une averse se prépare. Hâtez-vous avant de vous faire cueillir par la pluie."

Lucius déchira un nouveau morceau de viande qu'il engloutis d'un coup sec. Il regarda l'homme, se demandant si il pourvait éventuellement négocier une autre ration d'alcool puis se dit qu'il ne vallait mieux pas abuser de la générosité d'un homme. Néanmoins, il parlat à nouveau.

"Alors faisons vite, monseigneur, combien vendez vous un petit morceau de fourrure que je pourrais faire mettre sur le haut de ma cape pour me tenir chaud la nuit?"

L'envie de détourner l'argent des pauvres se faisait forte pour Lucius, mais il esperait tout de même que le prix ne dépasserait pas ce qu'il avait en bourse, car même si il avait probablement une morale plus que douteuse, il estimait qu'il vallait mieux garder l'argent du petit coffre pour plus tard.

Clairvoyant partit fouiller sous l'une des tentes et en ressortit avec un morceau de fourrure grisâtre.

"Tenez, comptez quinze noblons pour celle-ci. Elle n'est pas de très bonne facture mais cela devrait vous convenir."

Le trappeur la tendit au jeune homme afin qu'il puisse l'examiner de plus près.

Sans piper mot, le trappeur se leva et alla sous une des tentes du campement pour en ressortir un instant plus tard avec un morceau de fourrure d'une qualité que Lucius, en profane, jugea moyenne et qui lui semblait parfaite pour l'usage qu'il voulait en faire.

"Tenez, comptez quinze noblons pour celle-ci. Elle n'est pas de très bonne facture mais cela devrait vous convenir."

L'homme tendit à Lucius le morceau de peau que celui-ci caressa, sentit, examina, ce qui ne lui servit strictement à rien puisqu'il n'y connaissait absolument rien. Néanmoins, cet examen le réconforta dans son choix, celui qu'il avait fait dès qu'il avait vu le morceau de fourrure. Il regarda l'homme et glissa doucement une main vers sa bourse.

"Merci beaucoup, Clairvoyant, je vais la prendre, et je vais vous donner 15 noblons de plus pour vous remercier pour votre bienveillante hôspitalité. Je part dès maintenant chercher le prochain village où je trouverais peut être du fil et une aiguille... Quoi qu'il en soit, merci pour tous, et que Dieu vous bénisse, vous êtes un homme bon."

Le nécromancien se leva et tendît 30 noblons à son interlocuteur, réchauffé par l'alcool et par la fourrure, il se sentait prêt à partir. D'un pas sûr et alerte, il suivit les indications du trappeur pour arriver au village assez lointain mais néanmoins le plus proche de lui où il esperait trouver plus que du fil et une aiguille : de l'alcool.

Alors que Lucius lui tendait une main remplie de noblons, les doigts agiles de Clairvoyant ne prirent que ce qu'il avait réclamé à Lucius.

"Je ne veux pas de votre générosité. Partez maintenant, vous avez de la route devant vous."

D'un geste ferme, il referma la main de Lucius sur son argent et la poussa sur le torse du nécromancien. La parole du trappeur était inébranlable : Lucius devait partir immédiatement.

La réaction du trappeur surprit Lucius. Alors que celui-ci lui tendait une main rayonnante d'or pour le remercier de son aide, il avait essuyé un refus déconcertant : l'homme ne prit que 15 noblons.

"Je ne veux pas de votre générosité. Partez maintenant, vous avez de la route devant vous."

Le nécromancien avait, pour la première fois de sa vie, décidé de faire une bonne action. Pour lui, donner de l'argent à cet homme, ce trappeur, c'était l'encourager à être plus charitable à l'avenir. Mais loin de se montrer charitable, celui-ci refusa l'argnent d'un ton que le jeune homme jugeat sec. En réalité, ce n'était pas vraiment le ton qu'employait Clairvoyant qui vexa Lucius, mais plus le fait qu'il refuse les noblons superflux. C'était comme si il préfèrait perdre de l'argent que d'avoir quelque chose à voir avec le nécromancien, comme si il préfèrait perdre les noblons plutôt que de rester une minute de plus auprès du jeune noble. La vexation qui apparaissait clairement sur le visage de Lucius se fît également aussi remarquer par le fait que sans insister, il referma sa main brutalement, reprennant ses 15 noblons de remerciement et se leva de suite avec sa fourrure avant de partir sans remercier le trappeur.

Une pluie d'une force hallucinante tombait déjà du ciel, lessivant le sol, quand Lucius arriva, au prix d'une longue marche, en vue du village indiqué par ses drôles d'hôtes. Le fait de repartir vers l'Est et l'océan était étrange à l'amateur de boissons réchauffante et il dût bien avouer qu'il était las de Teroal. Détrampé et toujours un peu sale, il fît son entrée dans la bourgade à la recherche d'un endroit où manger, dormir et pourquoi pas se laver?

Le village était petit, et peu d'échoppes semblaient avoir pignon sur rue. Ce qui semblait être l'artère principale, où se trouvait Lucius, étaient en mauvais état et les pavés se faisaient rare.

C'était un village quelque peu vétuste, mais Lucius ne peinerait sans doute pas à trouver une auberge où se nourrir et se laver.

Une courte exploration du village permit à Lucius de s'en faire une idée dans les grandes lignes : Il était ici dans un village pauvre, le genre de village où il ne vallait mieux pas traîner dehors la nuit. Marchant lentement dans les rues mal pavées, le nécromancien cherchait sans vraiment faire attention un endroit où passer la nuit. Il ne faisait pas attention car le ciel était très assombris par les épais nuages et parce que la pluie qui lui atterissait sur le visage lui donnait une merveilleuse sensation de propreté et de pûreté. Par deux nuages déchirés, il voyait des étoiles qui lui rappelait tant tôt la grande cathédrale de Transdiïr, tant tôt le visage d'une femme croisée au cour de ses pérégrinations, et tant tôt un de ses anciens compagnons. Malheureusement, un flash lumineux vint tirer le jeune homme de ses pensées. Un éclait venaît de s'abatre quelque part dans le coin et le tonnerre qui l'accompagnait ne tardât pas à se faire entendre lui même. L'heure n'était donc pas aux pérégrinations romantiques et poètiques mais bien à la quête d'un logement.

Il y avait en tout deux auberges dans le village. La première semblait franchement être un bouge infâme et la deuxième, quant à elle, ressemblait plus à un infâme bouge. Si ce n'était pas pour cette pluie, nul doute que le nécromancien aurait eu les étoiles pour draps, mais dans ces circonstences, il était impossible de dormir dehors, aussi, après une courte hésitation, l'homme entra t-il dans une des deux auberges.

Au bout d'un long moment qui lui semblait interminable, Llyk arriva au village. Il faisait sombre, et cette cité était bien peu acceuillante... L'acrobate avança dans ce qui devait être l'allée principale.

Un effroyable craquement se fit entendre, et une pluie torrentielle s'abattit sur le village. La jeune femme soupira, à nouveau trempée. Le symbole qu'elle avait laissé pour Aramis était à présent fichu... Enfin tant pis.

Lorsqu'elle leva les yeux, elle apperçut une silhouette familière entrer dans une auberge. Ne doutant de rien et n'ayant surtout rien à perdre, Llyk sprinta jusqu'au batiment, ouvrit la porte et dit, essouflée :

- Lucius ?!

Lucius avait poussé la porte du bouge qui, comme il s'y attendait, ne se révêla n'être qu'un... bouge. Au fond de la salle, et surplombé par un miroir dont les seuls morceaux encore intact étaient tellement sales qu'on ne pouvait pas y voir le moindre reflet, trônait un bar sale et collant. Les seuls tables encore debouts était dépourvu de chaises ou n'en avait qu'un nombre très limité. Là, à une table, se trouvait un groupe de personnages tous plus inquiètant les uns que les autres qui jouaient aux cartes, un couteau planté dans la table et un tas de noblons au milieu de celle-ci. Une grosse femme qui aurait pû passer aisément pour un homme en raison d'une moustache presque hallucinante et d'une voix cassée s'affairait à servir aux joueurs des alcools non identifiés dans des verres qui n'avaient plus rien de transparent. Le jeune homme s'était rarement senti autant gêné de sa vie. Que faire? Devait il vraiment dormir dans ce taudis? Ne vallait il pas mieux dormir sous la pluie ou même ne pas dormir du tout? Non, cette solution était impossible, la nuit dernière avait été courte et la journée qui venait de s'écouler, longue. De toute façon, avant d'avoir été forcé d'agir, Lucius subit encore un des évènement que Dieu semblait avoir mis sur sa route pour rendre la majorité des moments de sa vie le plus gênant possible.

"Lucius ?!"

La porte derrière le nécromancien venait de s'ouvrir à la vollé, et le cri qui acheva de briser l'esprit du jeune homme avait été poussé par une voix tout de suite reconnue : Llyk. Les joueurs de cartes comme l'aubergiste et même Lucius se fîgèrent d'un seul coup. Un homme avait posé la main sur le couteau planté dans la table de bois et la femme avait faillis renverser un verre. Quant au jeune homme, lui, il regardait le miroir d'un regard exaspêré : cette fois, il était repêré. Il se retourna doucement pour s'assurer qu'il avait effectivement bien reconnu la voix. C'était bien Llyk, trempée, essouflée, mais propre, bien plus que lui, même si son odeur avait été estompée par la pluie.

"Llyk? Ainsi vous êtes vivante? Quelle pisteuse talentueuse! Comment m'a tu retrouvé? Que dirait tu d'en discuter dehors afin de ne pas déranger ces messieurs d'avantage?"

"Llyk? Ainsi vous êtes vivante? Quelle pisteuse talentueuse! Comment m'a tu retrouvé? Que dirait tu d'en discuter dehors afin de ne pas déranger ces messieurs d'avantage?"

Llyk afficha un large sourire. Elle l'avait retrouvé.
Elle entra et laissa la porte se refermer toute seule, soupira, dénoua ses cheveux. Elle les agita avec sa main tout en déclarant :

- J'ai suivit tes traces, j'ai demandé à des chasseurs... Je suis bien contente de te retrouver ! Mais pourquoi veux-tu parler dehors, il tombe des cordes...

Elle contempla le nécromancien un instant, puis s'apperçut de l'étrange comité qui était présent dans l'auberge. Ils n'avaient vraiment pas l'air acceuillants...
Llyk jeta un coup d'oeil à l'auberge. Sa maison de tôles à Mataniel était plus propre que ça... Elle sourit étrangement, entrouvrit la porte et commença à poser un pied dehors.

- Enfin, mouillé pour mouillé...

Rapidement, Llyk entra dans le boui-boui, s'ébroua comme un chien et sembla se recoiffer avec ses doigts, chose qui semblait inutile à Lucius en raison du fait qu'il lui semblait que la pluie n'était pas l'amie de la coiffure. D'ailleurs lui même, privé de cape, en avait fait les frais : ses cheveux d'ordinaire tirés en arrière étaient maintenant assez ébouriffés, lui donnant un air hirsute et quelque chose d'un chien mal lêché.

"J'ai suivit tes traces, j'ai demandé à des chasseurs... Je suis bien contente de te retrouver ! Mais pourquoi veux-tu parler dehors, il tombe des cordes..."

D'un seul coup, la jeune femme sembla se rendre compte qu'elle n'était plus logée gratuitement aux Trois Ecus. Elle explora l'auberge et ses habitants d'un oeil nerveux et, un peu gênée, rouvrit la porte pour ressortir.

"Enfin, mouillé pour mouillé... "

Lucius, toujours très gêné, fît un petit salut sous la forme d'une courbette à l'assemblé...

"Excusez nous du dérangement, nous revenons dans un instant, ne faites pas attention à nous."

... Et emboita tout de suite le pas de son amie avec une hate à peine dissimulée. Une fois dehors, ils s'éloignèrent d'un pas vif du lieu et s'arrêtèrent à une distance jugée sûre et à l'abri tout relatif d'un arbre à moitié mort alors que nous étions au printemps.

"Diable quel bouge! Je suis désolé, l'amie, je sais que ce n'est pas un endroit pour une jeune fille... et certainement pas pour un jeune noble non plus d'ailleurs, mais c'est ce qu'il y a de mieux dans ce patelin pourri... Alors dîtes moi, où sont passé les autres? Tout le monde va bien? Certains sont ils mort?"

"Diable quel bouge! Je suis désolé, l'amie, je sais que ce n'est pas un endroit pour une jeune fille... et certainement pas pour un jeune noble non plus d'ailleurs, mais c'est ce qu'il y a de mieux dans ce patelin pourri... Alors dîtes moi, où sont passé les autres? Tout le monde va bien? Certains sont ils mort?"

Llyk se renoua les cheveux et croisa ses bras sur sa poitrine. Il ne faisait pas bien chaud dehors, mais elle ne craignait pas vraiment le froid. Question d'habitude.
L'acrobate parla d'une voix forte pour couvrir le bruit assourdissant les rafales, de l'averse et du tonerre.

- Lumilevy et son compagnon... Ori... Uryl... Rah, je ne me souviens pas de son nom ! Enfin bref, ils sont partis ensemble vers les forêts de Simedän il me semble. J'étais partie avec Aramis mais je l'ai abandonné dans les buissons, il dormait... J'espère qu'il ne lui est rien arrivé de fâcheux d'ailleurs... Pour les autres, je ne sais pas. pas de morts à ma connaissance.

Le vent faisait chasser la pluie vers eux. Ainsi, être sous ce cadavre d'arbre ou être en train de faire trempette dans un lac revenait du pareil au même... Des éclairs zébraient le ciel, suivits presque immédiatement d'un craquement déchirant. L'endroit n'était vraiment pas sur, mais sûrement cet orage ne durerait-il pas longtemps...

"Lumilevy et son compagnon... Ori... Uryl... Rah, je ne me souviens pas de son nom ! Enfin bref, ils sont partis ensemble vers les forêts de Simedän il me semble. J'étais partie avec Aramis mais je l'ai abandonné dans les buissons, il dormait... J'espère qu'il ne lui est rien arrivé de fâcheux d'ailleurs... Pour les autres, je ne sais pas. pas de morts à ma connaissance."

L'eau froide frappait rapidement la peau pâle du nécromancien qui se disait que si une machine pouvait reproduire la pluie dans un lieu privatif, ce serait un moyen révolutionnaire de se laver. La fatigue commençait à lui brûler les yeux dont le jeune homme ne perdait néanmoins pas l'usage puisque, d'un oeil rapide, il les exerçait à l'observation sur les vêtements mouillés de sa jeune interlocutrice. Néanmoins, si ce comportement était des plus agréable, il n'était sûrement pas le meilleur moyen d'entretenir une conversation, et c'est après une courte refléxion que l'homme tenta une phrase.

"Alors euh... Que comptez vous faire maintenant? Que diriez vous de rester avec moi? Nous pourrions dès demain essayer de retrouver ce pauvre Aramis et ensuite partir à l'aventure je ne sais où pour profiter de notre jeunesse pour prendre des risques inconsiderés et inutiles, non?"