Promenons nous dans les bois

Les deux amis étaient désormais à la lisère de la forêt. Therion fut quelque peu surpris car ces bois n'avaient rien de naturel. Enfin effet, dans les forêts communes d'Urgôn, il était habitué à voir des arbres aux troncs marrons. Ici, c'était différent. La végétation avait des reflets argentés, et des veines d'un gris brillant couraient sur les troncs.

C'était assez impressionnant. La forêt semblait très épaisse et s'étendait selon les dires sur plusieurs hectares. Mais, le plus important, c'était qu'en pénétrant dans la forêt, ils entreraient par la même occasion sur le territoire des almaâris.
Même si Eldar était loin d'un mauvais bougre, Therion se doutait bien que le comité d'accueil n'allait pas leur offrir des fleurs et le couvert.

Ce fut son ami qui l'arracha à sa contemplation de la forêt et à ses réflexions.

"Therion, je crois qu'il est temps d'aborder la marche à suivre. Les animaux sauvages ne sont pas légions, ce n'est pas le risque principal. En revanche, plusieurs tribus almaaries vivent ici. Certaines sont très étendues, dans de véritables villes au sein de la forêt, d'autres bien plus petites, à peine si l'on peut parler de village. Mais ce qui est certain, c'est que nous croiserons des elfes, et pas de gentils sylvains. Il est possible qu'ils nous attaquent sans sommation, ou bien qu'ils nous abordent en elfique. Le langage commun est peu répandu ici bas. Les clans sont plus ou moins extrémistes. Si nous nous retrouvons en face d'un groupe, je devrais être en mesure de parlementer, mais s'ils sont trop nombreux et hostiles, il ne nous restera qu'à courir. Vite."

Ce dernier ajouta ensuite : "Je me doute que cela ne t’impressionne guère, après ce que nous avons vécu et ton expérience personnelle, mais je voulais simplement clarifier ce qui nous attend."

"Très bien, je te laisserai agir dans une telle situation, je ne sais pas parler l'almaâri, c'est une langue que je ne comprends pas malheureusement."

Laissant cheminer ses pensées, le berserker poursuivit.

"Effectivement, s'ils sont hostiles et nombreux, la fuite risque de s'imposer. Par contre, toi seul peut courir. Moi, je te protègerai, mon armure m'empêche de courir sur de longues distances, qui plus est dans une forêt, donc tes amis à la peau sombre auront tôt fait de me rattraper. Toi tu fuiras, moi, je les battrai, qu'importe si je suis blessé."

Therion afficha un sourire carnassier et un regard amusé. Cette promenade sous les frondaisons n'allait absolument pas être une partie de plaisir. Mais s'ils étaient amenés à fuir, Therion en serait incapable, handicapé par le poids de son armure. Dans ce cas, il couvrirait Eldar afin qu'il puisse prendre davantage de distances avec leurs adversaires.

[C'était une feinte ! ]

Eldar se mouvait en silence, rapidement, sa cape noire faisant office de pardessus et recouvrant tout son attirail. Il jetait fréquemment un œil à son compagnon, afin de vérifier que celui-ci tenait la cadence. Et malgré le poids de son armure, le bougre avançait à grands pas.

Les deux aventuriers suivaient le chemin, plus exactement le sentier, fort abimé par le temps, qui les mèneraient jusqu'au centre de la forêt. L'almaari espérait trouver là bas des réponses, des indications, auprès de sa tribu d'origine. Avec un peu de chance, leur campement principal n'aurait pas bougé. Et avec beaucoup de chance, il y trouverait des membres de sa famille, bien que celle-ci fut censée être itinérante, alliée avec une bande de bouseux se prétendant bandits de grands chemins.

L'elfe du crépuscule n'en doutait pas, les habitants des lieux devaient déjà les avoir pris en filature. Cachés dans les recoins sombres, ils se tairaient, attendant le moment opportun. Ils devaient également hésiter à intervenir, du fait de l'imposante carrure du guerrier et de la présence d'un des leur à ses côtés.

Dans cette situation, le mieux à faire était certainement de continuer d'avancer à un rythme soutenu. Si les éclaireurs almaaris comprenaient la détermination et la motivation du petit groupe, peut être qu'ils n'interviendraient pas.

*Dans le doute, mieux vaut rester sur ses gardes.*

Sa main droite, toujours dissimulée sous sa cape, resserra plus fermement le pommeau de son fauchon. Se tournant vers Therion, il demanda :

"Alors, que pense-tu de mon ancien chez moi, pour le moment ? Belle ambiance, n'est-il pas ?"

[Tu veux mourir ? xD]

Alors que le groupe se rapprochait du centre de la forêt, Eldar entendait des bruits de fond. Ce qui était bon signe : s'il y avait de l'agitation, cela voulait dire qu'un foyer de population était proche. Ou du moins un campement provisoire. Dans les deux cas, ils seraient rapidement fixé.

"Je crois que nous nous rapprochons de ton but, non ?"

Se retournant pour vérifier que son compère allait bien, il le vit commencer à dégainer sa claymore. D'un geste brusque et d'un chuchotement, il l’arrêta net.

"Non ! Ne fais pas ça ! Si tu sort ton arme ou fais mine de la saisir, les éclaireurs risquent de prendre ça pour une agression. Avant de savoir s'ils sont de ma tribu ou pas, je préfère éviter toute confrontation. Range donc ton épée, mon ami."

Une fois le danger de se faire empaler par les flèches des archers écarté, l'almaari et l'humain continuèrent leur chemin.

C'est alors qu'ils débouchèrent sur la ville. Elle était comme dans le souvenir de l'elfe, bien que plus petite. L'ayant quitté assez jeune, elle paraissait gigantesque à cette époque, il se la représentait donc bien plus grande qu'elle ne l'était en réalité. Mais grande ou pas, cela lui fit un choc de revoir toute cette architecture connue, bien qu'ils n'aient pas encore franchi l'entrée du camp.

*Alors ils sont restés là, tout ce temps...*

Comme il s'en doutai, un comité d’accueil les attendait au seuil du village.

Eldar fit signe à Therion de ralentir le pas et de s'approcher doucement de leurs interlocuteurs. Il s'inclina respectueusement devant le groupe, et laissa le plus âgé des almaaris prendre la parole, comme le voulait la coutume chez eux.

[Enfin de l'action ! xD Mais nan Eldar, je vivrai ]

Ils étaient bien évidemment tombés dans une embuscade. Therion avait eu la présence d'esprit d'écouter son ami et avait depuis un moment rengainé Nibel.

Alors qu'un vieillard almaâri s'était approché d'eux et avait parlé dans le dialecte elfique qui était étranger à Therion, des elfes sortirent des fourrés et bandèrent leurs arcs, prêts à tire rà la moindre incartade.

Pour changer, Therion décida pour une fois de se servir de sa tpete, plutôt que de réagir dans le feu de l'action et de les tuer rapidement. Eldar lui avait recommandé de le laisser agir dans ce genre de situation, auss fit-il confiance à son ami.

*Merde... c'est mal barré...*

Therion serra les dents, espérant de tout coeur qu'ils pourraient s'en sortir vivants. Si des flèches tirées par un humain auraient pu aisément ricocher sur l'armure du guerrier, il en était tout autrement pour les flèches elfiques. Les elfes, qu'ils soient sylvains ou du crépuscule, étaient des archers hors pair, et leurs flèches étaient d'excellente facture.
Si Therion passait à l'attaque, ils étaient morts, surtout qu'Eldar était encore moins bien protégé.

Alors qu'Eldar conversait avec le vieillard, ce dernier sembla quand même remarquer la présence de Therion qui ne pipait mot.

Les deux ne conversaient qu'en almaâri et Therion ne comprenait absolument rien à ce charabia. Ils avançaient dans le village, lentement. La "ville "almaâri était bien camouflée, et ne comprenait pas de fioritures. Des maisons avaient été construites dans les branches des plus vieux arbres, reliées entre elles par des passerelles de cordes et de bois, d'autres à l'intérieur même des troncs. C'était un endroit superbe, qui ne manquait pas de ravir Therion.

Alors qu'ils commencèrent leur marche, le viel almaâri fit un signe à ses hommes qui entourèrent Therion immédiatement. Eldar lui fit signe de se laisser faire. Un des elfes s'approcha derrière Therion et commença à retirer Nibel.

D'un geste rapide, inoffensif, Therion stoppa la main de l'almaâri, l'enleva du pommeau et se retourna, plantant son regard dans le sien.

"Je ne sais pas si tu vas comprendre ce que je te dis, elfe, mais ne touche pas à cette épée."

Les autres avaient tiré leurs lames et menaçaient de le pourfendre, ils n'attendaient que l'ordre de le faire.

Therion se tourna vers le vieillard et lui dit calmement : "Mon épée restera là où elle est. Il faudrait être fou pour la tirer contre vous, or jusqu'à présent j'ai encore la tête sur les épaules. Je ne ferais pas de geste hostile, vous avez ma parole de guerrier. Elle représente l'honneur de ma famille, il est hors de question que je la laisse entre les mains d'inconnus."

Therion se campa sur sa position, envahi par un calme serein et fixa le vieil elfe.

[Le père est mort et les 3 frères ont été capturés, c'est bien ça ? Et le frère qui reste dans le village est en vie ? Je fais mon rp dans ce sens, si c'est pas ça que tu voulait dire, dis moi par mp ou fb, j'éditerai ]

Alors que la situation était sur le point de s'envenimer, le chef almaari calma le jeu. D'un geste, il demanda aux autres de laisser l'humain porter son arme.

Eldar poussa un léger soupir de soulagement lorsqu'ils se remirent en route, même s'il sentait que les habitants ne voulaient pas de Therion ici.

Lorsque le groupe arriva près de la clairière, l'elfe du crépuscule failli pousser un juron, qu'il garda heureusement pour lui.

*Ne me dites pas qu'on a fait tout ce chemin pour rien !*

Arrivant près des tombes, l'ainé repris :

"Je suis désolé, mais nous sommes en guerre depuis quelques semaines déjà avec le village voisin dirigé par les Alamir. Ils nous tiennent à la gorge, et alors que nous avions organisés un pour parler afin d'établir une trêve... Ils nous ont piégés et beaucoup d'entre nous sont morts, et d'autres ont été capturés... C'est le cas de trois de tes frère. En vérité, hormis toi, il n'y a plus ici qu'un Sanaril : ton frère."

La mort de son père ne faisait ni chaud ni froid à Eldar, pas plus que la capture de ses frères. Il regrettait simplement de ne pas pouvoir les punir lui même pour toutes ces années de crimes qu'ils avaient perpétués. S'adressant au vieil almaari, il lança :

"Je ne comprend pas bien, les miens avaient abandonné la vie de bandits pour revenir vivre ici ?"

[Bon j'ai rien à dire, faut vraiment que j'apprenne l'almaâri. Par contre, la barre d'expérience a été remplacée par une barre de mana, pour info]

[Désolé Tété, j’essaie d'abréger la conversation ]

Malgré l'apparente gravité de la situation géopolitique sur Urgôn, Eldar se demandait avant tout lequel de ses frères était encore dans le village. Était-ce Mephisto, l'ainé et meilleur bretteur de la famille ? Ou bien le plus jeune, Jett, habile à l'arc et à la lance ? L'elfe du crépuscule avait en tout cinq frères. Trois avaient été capturés et un restait ici. Ce qui signifiait qu'un d'eux était mort, en même temps que son père. L'absence de pierre tombale l'avait empêcher de déterminer lequel. Il poserait la question plus tard, rien ne pressait.

Tout d'abord, il fallait convaincre le vieux chef du village de laisser combattre Therion à leur côté. Et savoir contre quoi ils combattaient. L'heure de la vengeance approchait, mais ce n'était pas encore venu.

S'adressant à l'ainé du clan, il repris :

"Je ne me battrait pas sans cet imbécile d'humain à mes côtés, comme vous dites. Il m'a sauvé maintes fois la vie et il est plus que mon compagnon de route, il est également mon ami. Si vous ne l'acceptez pas ici, je considère que vous ne m'acceptez pas non plus. Je peux comprendre la rancœur éternelle des almaaris contre les humains, mais vient un moment où elle n'est plus que futilité. Il est temps que nos peuples combattent ensemble contre un ennemi commun ! Ne croyez-vous pas ? Et d'ailleurs, quel est-il cet ennemi, ce mal dont vous parliez ?"

Finissant sa tirade, et ne voulant pas se montrer grossier, Eldar inclina la tête. Il n'avait plus l'habitude de cela. A force de vivre avec les humains, il avait oublié, ou du moins cessé d'appliquer la plupart des règles de politesse élémentaires des almaaris. Heureusement, ces dernières lui revenaient peu à peu.